100 000 £, un salaire qui ne fait plus rêver : le paradoxe des hauts revenus en crise
Henry, 34 ans, consultant en stratégie londonien, gagne 103 500 £ par an mais ne se sent pas riche. Son histoire illustre le phénomène des HENRYs (High Earners Not Rich Yet), ces cadres supérieurs coincés entre inflation galopante et aspirations sociales déçues.
En 2019, Henry gagnait 50 000 £ et vivait dans une colocation à 850 £/mois. Aujourd'hui, malgré un salaire doublé, son pouvoir d'achat réel n'a augmenté que de 27%. Son loyer a bondi à 2 230 £ pour un appartement mal entretenu, et son panier chez Aldi coûte 73% plus cher.
Le problème des HENRYs touche particulièrement Londres où les coûts du logement et de la vie ont explosé. Ces professionnels diplômés, souvent issus de la finance ou du conseil, paient près de la moitié de l'impôt sur le revenu national mais peinent à accéder à la propriété ou constituer une épargne.
La situation reflète une économie britannique en crise. Depuis 2008, les salaires réels des professions qualifiées ont chuté de 26%. Beaucoup envisagent désormais l'expatriation ou la réduction de leur temps de travail pour échapper à la pression fiscale.
Ce malaise des classes moyennes supérieures révèle un problème structurel. Comme le note l'auteure Eliza Filby, le Royaume-Uni 'joue les pays riches sans en avoir les moyens', avec des conséquences visibles sur sa capacité à retenir ses talents.