La colère de Kim Jong Un après l'échec catastrophique du lancement du nouveau destroyer nord-coréen
Le tout nouveau navire de guerre nord-coréen a subi des dommages importants lors de sa cérémonie de lancement mercredi, un échec qualifié d'«acte criminel» par le leader Kim Jong Un qui a assisté à l'incident, selon les médias d'État. L'agence KCNA a rarement reconnu cet échec, révélant qu'une malfonction du mécanisme de lancement avait provoqué la chute prématurée de la poupe du destroyer de 5 000 tonnes encore sans nom, écrasant une partie de la coque tandis que la proue restait coincée sur le chantier naval.
Kim Jong Un a vivement critiqué cet incident, le qualifiant de honte pour le prestige national et promettant des sanctions contre les responsables. Il a pointé du doigt la «négligence absolue» et l'«irresponsabilité» de plusieurs institutions étatiques, dont le Département de l'industrie de l'armement, l'Université de technologie Kim Chaek et le bureau central de conception navale.
Selon une analyse militaire sud-coréenne, le navire gît désormais sur le côté dans l'eau. Des experts navals estiment que les dommages causés par un tel dysfonctionnement pourraient être «catastrophiques». Le professeur Sal Mercogliano, expert maritime, explique à CNN que «si le navire ne bouge pas uniformément, les contraintes peuvent déchirer la coque».
Carl Schuster, analyste naval à Hawaï, estime quant à lui que les contraintes subies pourraient «déformer la coque, provoquer des fissures et potentiellement briser la quille». Cet échec constitue un revers majeur pour le programme de modernisation navale le plus ambitieux de la Corée du Nord depuis des décennies.
Ce destroyer devait être le deuxième grand navire de surface dévoilé rapidement par Pyongyang après le Choe Hyon, présenté en avril comme un navire de «nouvelle génération». Les analystes occidentaux avaient noté que le Choe Hyon marquait une rupture avec les vieux navires de l'ère soviétique qui dominent la marine nord-coréenne.
L'incident de mercredi soulève des questions sur la capacité du pays à développer sa marine. Kim Jong Un a exigé que le destroyer soit réparé avant la session plénière fin juin du Parti des travailleurs, qualifiant cette affaire de question d'honneur national. Cependant, les analystes jugent ce délai irréaliste.
L'amiral sud-coréen à la retraite Kim Duk-ki souligne que la Corée du Nord ne dispose probablement pas de dock sec nécessaire pour réparer un destroyer de 5 000 tonnes, ce qui rendrait les réparations extrêmement difficiles. Il estime que la restauration pourrait prendre quatre à cinq mois.
Le député et analyste militaire sud-coréen Yu Yong-weon met en garde contre des réparations précipitées qui pourraient aggraver les problèmes. Un groupe d'enquête a été formé et des hauts responsables pourraient faire face à des sanctions lors de la prochaine réunion du Comité central du Parti.
La marine nord-coréenne est souvent considérée comme la branche la moins développée de son armée. Le rythme accéléré du développement des destroyers surprend certains observateurs, soulevant des questions sur le caractère fonctionnel ou symbolique de cette technologie. Le professeur Mercogliano souligne qu'on ignore même si ces nouveaux navires disposent de moteurs, Pyongyang n'ayant fourni aucune image d'eux en mouvement.