Guerre commerciale : les exportations japonaises vers les États-Unis enregistrent leur première baisse de l'année
Les exportations japonaises ont ralenti en avril, selon des données gouvernementales publiées mercredi, marquant ainsi une deuxième baisse consécutive sous l'effet des droits de douane imposés par le président américain Donald Trump. Pour la première fois depuis décembre dernier, les ventes vers les États-Unis, deuxième partenaire commercial du Japon, ont reculé de 1,8% sur un an, après une hausse de 3,1% en mars. L'excédent commercial avec les États-Unis s'est également réduit à 780,6 milliards de yens (5,4 milliards de dollars) en avril contre 846,9 milliards le mois précédent.
Le ralentissement général des exportations à 2% correspond aux estimations des analystes interrogés par Reuters, mais représente le taux le plus faible depuis octobre 2023. Les importations ont quant à elles diminué de 2,2% sur un an, un recul moins prononcé que les prévisions de 4,5%. Les secteurs les plus touchés incluent les équipements de transport (véhicules et pièces détachées), dont les exportations vers les États-Unis ont chuté de 4,1% en valeur.
Le Japon subit actuellement des droits de douane de 25% sur ses exportations automobiles, d'acier et d'aluminium vers les États-Unis, ainsi qu'une taxe de base de 10% appliquée à la plupart des partenaires commerciaux américains. Des tarifs « réciproques » de 24%, temporairement suspendus, menacent également les produits nippons. Le 2 avril, Donald Trump avait imposé ces mesures à plus de 180 pays, avant de les geler pour 90 jours suite aux turbulences financières.
« Les exportations nettes continueront de peser sur la croissance du PIB au deuxième trimestre », a déclaré Abhijit Surya, économiste senior pour l'Asie-Pacifique chez Capital Economics, anticipant un report de la prochaine hausse des taux d'intérêt à octobre. Les données préliminaires montrent en effet que le PIB réel du Japon s'est contracté de 0,7% en glissement annuel au premier trimestre 2024, affecté par une consommation privée atone et le ralentissement des exportations.
« Les industriels japonais traversent une période difficile », a souligné Stefan Angrick, responsable des analyses économiques pour le Japon chez Moody's Analytics, mettant en garde contre les effets déstabilisateurs des revirements commerciaux. Même en cas d'accord avec les États-Unis, « un retour aux conditions pré-Trump est exclu », a-t-il précisé. Bien que le Japon ait été le premier à engager des négociations bilatérales, celles-ci semblent aujourd'hui au point mort. Le négociateur en chef Ryosei Akazawa a réitéré mardi la demande de levée des tarifs, affirmant que Tokyo ne signerait aucun accord compromettant ses intérêts nationaux.