Pourquoi l'IA va dévorer le déjeuner de McKinsey — mais pas aujourd'hui
Navin Chaddha, directeur général de la société de capital-risque Mayfield, parie sur la capacité de l'IA à transformer les industries à forte intensité de main-d'œuvre comme le conseil, le droit et la comptabilité. Lors d'un événement TechCrunch, il a expliqué comment les "coéquipiers IA" pourraient générer des marges similaires à celles des logiciels dans ces secteurs traditionnellement gourmands en ressources humaines. Il conseille aux startups de cibler des marchés négligés plutôt que de rivaliser directement avec des géants comme Accenture, tout en reconnaissant que perturber des secteurs où les relations et la confiance sont cruciales est plus difficile que prévu.
Chaddha s'appuie sur l'expérience de Mayfield, présente depuis plus de 50 ans, pour illustrer comment chaque vague technologique a redéfini les industries. Il compare l'impact actuel de l'IA à celui de l'e-business dans les années 90, de l'externalisation et des chaînes d'approvisionnement globalisées. Selon lui, l'IA assumera les tâches répétitives, permettant deux modèles de croissance : organique et inorganique.
Un exemple concret concerne l'implémentation de Salesforce. Plutôt que de confier l'intégralité du projet à des consultants humains, l'IA pourrait gérer les aspects répétitifs, tandis que les humains interviendraient pour les éléments complexes. Cette approche hybride réduirait les coûts pour les clients, qui ne paieraient l'IA qu'à l'usage.
Chaddha recommande aux startups de se concentrer sur les 30 millions de petites entreprises américaines et 100 millions dans le monde qui ne peuvent pas se permettre d'embaucher des travailleurs du savoir. En proposant des services basés sur des résultats plutôt que sur le temps passé, avec des marges brutes pouvant atteindre 80-90% pour la partie IA et 30-40% pour la partie humaine, ces startups pourraient réaliser des bénéfices nets de 20-30%.
L'investisseur cite en exemple Gruve, une startup de conseil en sécurité qu'il a financée. Fondée par des entrepreneurs expérimentés, Gruve a acquis une petite société de conseil en sécurité et utilise désormais l'IA pour sa croissance, atteignant une marge brute de 80% avec un modèle basé sur les résultats.
Chaddha reconnaît que les grands cabinets comme McKinsey et Accenture font face au dilemme de l'innovateur : adopter un modèle basé sur l'IA réduirait leurs revenus prévisibles au profit d'un modèle utilitaire. Il prédit que dans dix ans, les petites entreprises IA d'aujourd'hui rivaliseront avec ces géants.
Mayfield a réservé 100 millions de dollars pour investir dans des "coéquipiers IA" - des compagnons numériques collaborant avec les humains pour de meilleurs résultats. Chaddha admet que l'IA entraînera des pertes d'emplois, mais argue que les marchés s'étendront, comme lors des précédentes révolutions technologiques.
En conclusion, Chaddha conseille aux investisseurs de suivre leur propre boussole et d'éviter la FOMO (peur de manquer une opportunité), soulignant que 80% des investisseurs perdront de l'argent dans cette ruée vers l'IA.