Le programme fédéral de 1,2 milliard de dollars pour le haut débit à Washington plongé dans le chaos
Les services publics, les tribus, les comtés et d'autres acteurs de Washington ont passé des années à planifier l'utilisation des 1,2 milliard de dollars alloués par l'État dans le cadre d'un programme fédéral visant à améliorer l'accès à Internet haut débit. Cependant, début juin, l'administration Trump a bouleversé ce processus en modifiant les directives sur la manière dont les États doivent sélectionner les bénéficiaires des plus de 42 milliards de dollars de financement. Cette décision annule de fait des centaines de candidatures déjà reçues et impose aux États, dont Washington, un calendrier serré pour déterminer les attributaires.
« Deux ans de travail réduits à néant, et soudain, nous devons tout changer en un clin d'œil », a déclaré Cindy Ryu, représentante démocrate de Shoreline et présidente du comité sur les technologies, le développement économique et les anciens combattants. Le changement le plus notable concerne la technologie priorisée : initialement axé sur la fibre optique, le programme BEAD adopte désormais une approche « neutre » pour favoriser la concurrence, ouvrant la voie au satellite et au sans-fil.
Cette évolution pourrait bénéficier à Starlink, l'entreprise basée à Redmond et fondée par Elon Musk, ancien conseiller de Trump. Le programme BEAD, créé en 2021 sous Biden, cible les zones rurales mal desservies. À Washington, les candidats incluent entreprises, tribus et collectivités. L'État propose 300 millions de cofinancement.
Aaron Wheeler, directeur du bureau du haut débit de Washington, a souligné lors d'un webinaire que certains États n'ont que quatre jours pour soumettre leurs dossiers. Washington rouvrira les candidatures début juillet, avec des plans finaux à remettre en septembre. Les nouvelles directives fédérales visent à accélérer le déploiement et réduire les coûts, mais suppriment des clauses sur le climat et les droits des travailleurs.
Claire Ward, stratège télécoms du comté de Kitsap, craint une course au moins-disant technologique. Pour elle, seules les infrastructures en fibre répondent aux critères de durabilité. Deux élus de Washington ont exprimé ces inquiétudes au ministre du Commerce. Ward redoute aussi l'abandon de candidats découragés par les nouvelles règles.
Parallèlement, un projet de loi républicain menace de priver les États de fonds s'ils réglementent l'IA – une mesure contestée par des procureurs généraux des deux bords. Dans ce contexte, Wheeler quitte son poste ce vendredi, laissant son successeur influencer l'avenir du programme BEAD dans l'État.