Taxe numérique canadienne : Pourquoi Trump rompt-il les négociations commerciales ?
Le Canada a instauré une nouvelle taxe sur les services numériques visant les entreprises technologiques étrangères et locales, provoquant la colère du président américain Donald Trump. Ce dernier a annoncé la fin immédiate de toutes les discussions commerciales avec Ottawa et menacé d'imposer des tarifs douaniers supplémentaires sur les exportations canadiennes. Dans un post sur Truth Social, Trump a qualifié cette taxe d'« attaque directe et flagrante » contre les États-Unis, affirmant que le Canada est « un pays très difficile avec lequel commercer ». Les entreprises américaines comme Amazon, Meta, Google et Uber pourraient devoir payer environ 2 milliards de dollars avec cette nouvelle taxe. Cette décision marque un retour des tensions commerciales entre les deux pays, après une période de coopération depuis l'élection de Mark Carney comme Premier ministre canadien en mars. Les États-Unis sont le principal partenaire commercial du Canada, représentant plus de 80 % de ses exportations. Une perturbation des échanges pourrait avoir des répercussions économiques majeures des deux côtés de la frontière.
Qu'est-ce que la taxe canadienne sur les services numériques ? Entrée en vigueur en juin 2024, cette taxe impose un prélèvement de 3 % sur les revenus générés par les utilisateurs canadiens, même si les entreprises n'ont pas de présence physique dans le pays. Elle s'applique aux grandes entreprises technologiques dont les revenus mondiaux dépassent 820 millions de dollars et les revenus canadiens excèdent 14,7 millions de dollars. Contrairement aux impôts traditionnels sur les bénéfices, cette taxe cible les revenus bruts liés à l'engagement des utilisateurs canadiens. Les services concernés incluent les places de marché en ligne, les réseaux sociaux, la publicité numérique et la vente de données utilisateurs. L'un des aspects les plus controversés est son effet rétroactif, remontant jusqu'au 1er janvier 2022.
Pourquoi Trump suspend-il les négociations commerciales ? Le 11 juin, 21 membres du Congrès américain ont exhorté Trump à faire pression sur le Canada pour qu'il abandonne cette taxe, la qualifiant de « précédent dangereux ». Trump a réagi en accusant le Canada de mener une « attaque économique » contre les entreprises américaines et a promis des représailles tarifaires sous sept jours. Il a également ordonné une enquête en vertu de l'article 301 du Trade Act pour évaluer l'impact de cette taxe sur le commerce américain. Kevin Hassett, directeur du Conseil économique national de la Maison Blanche, a qualifié cette taxe de « quasi criminelle » et a affirmé que le Canada devra la supprimer.
Comment le Canada a-t-il réagi ? Le Premier ministre Mark Carney a déclaré que son gouvernement continuerait à négocier dans l'intérêt des travailleurs et des entreprises canadiennes. Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, avait précédemment laissé entendre que cette taxe pourrait être intégrée aux discussions commerciales en cours. Cependant, ces négociations, qui devaient aboutir à un accord en juillet, sont désormais dans l'impasse.
Qu'en pensent les entreprises canadiennes ? Le Conseil d'affaires du Canada a exprimé ses inquiétudes, soulignant que cette taxe unilatérale risquait de nuire aux relations économiques avec les États-Unis. L'organisation a appelé le gouvernement à proposer l'abolition de cette taxe en échange de la suppression des tarifs américains.
Trump a-t-il déjà utilisé des tarifs contre le Canada ? Oui. Avant cette crise, Trump avait imposé des tarifs sur les produits canadiens, accusant Ottawa de contribuer au trafic de fentanyl et à l'immigration illégale vers les États-Unis. Ces mesures avaient été temporairement suspendues après des engagements canadiens, avant d'être rétablies en mars.
D'autres pays appliquent-ils une taxe similaire ? Plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Inde, ont mis en place des taxes sur les services numériques. Les États-Unis s'y sont toujours opposés, poussant pour un accord mondial sous l'égide de l'OCDE. Le Canada avait retardé l'application de sa taxe dans l'attente de ces négociations, mais a finalement agi seul face au manque de progrès.
L'UE doit-elle s'inquiéter ? L'Union européenne surveille de près la situation, car la taxation des géants numériques pourrait également affecter ses propres négociations commerciales avec les États-Unis. Trump a menacé de représailles tarifaires massives si l'UE persistait dans cette voie. Les discussions entre les deux blocs doivent aboutir avant le 9 juillet, date d'expiration du moratoire sur les tarifs douaniers réciproques.