Goldman Sachs alerte : les droits de douane ne suffiront pas à relancer la productivité manufacturière américaine face au retard technologique
Goldman Sachs met en garde contre l'inefficacité des droits de douane pour booster la productivité manufacturière aux États-Unis, alors que le retard technologique des usines américaines persiste. Sasha Rogelberg, journaliste et ancienne boursière éditoriale chez Fortune, couvre le secteur de la vente au détail et l'intersection entre les affaires et la culture populaire. La production manufacturière américaine a ralenti récemment, en raison de la concurrence accrue de la Chine et d'un ralentissement plus général de la productivité dans le secteur. Les analystes de Goldman Sachs estiment que les droits de douane ne réduiront pas suffisamment les coûts de la chaîne d'approvisionnement et de la main-d'œuvre pour encourager la relocalisation. Ils privilégient plutôt l'automatisation et l'intelligence artificielle comme leviers principaux pour relancer la productivité.
Alors que la Chine surpasse les États-Unis en capacités manufacturières, les droits de douane ne constituent pas la solution idéale pour redresser la productivité des usines américaines. Dans une note publiée jeudi, les analystes soulignent que l'automatisation et l'IA accessible offrent de meilleures perspectives. « Une accélération de l'innovation, notamment grâce aux progrès récents en robotique et en IA générative, reste le catalyseur le plus susceptible d'inverser la stagnation de la productivité manufacturière », explique Joseph Briggs, analyste chez Goldman Sachs.
Les données du Bureau du recensement américain révèlent une baisse de 6,3 % des nouvelles commandes de biens durables manufacturés en avril, tandis que l'indice PMI de l'ISM affiche une contraction depuis mars. Goldman Sachs attribue ce ralentissement à un recul des investissements après la crise financière mondiale et à une stagnation des avancées technologiques depuis les années 2000.
Si Donald Trump promeut des droits de douane élevés pour relocaliser les emplois industriels, Goldman Sachs souligne que ces mesures ne compenseront pas l'écart de coûts avec la Chine. « Les droits de douane ne suffiront pas à relocaliser massivement la production, car les coûts ailleurs restent bien inférieurs, et la Chine continuera d'étendre ses exportations grâce à ses avantages compétitifs », indique la note.
L'accent devrait plutôt être mis sur l'automatisation, un domaine où les États-Unis accusent un retard. Selon un rapport du BCG Henderson Institute, seulement 46 % des manufacturiers américains utilisent l'IA dans leurs usines, contre 77 % en Chine. « C'est une technologie clé pour doper la productivité de manière compétitive, mais son adoption reste limitée », explique Briggs.
Des entreprises comme MSP Manufacturing adoptent déjà l'IA pour optimiser leur production. Johnny Goode, PDG de MSP, a réduit le temps de fabrication de pièces de 90 à 22 minutes grâce à un logiciel d'IA. « C'est un changement radical », confie-t-il.
Cependant, Goldman Sachs tempère les attentes : l'automatisation ne résoudra pas à elle seule le ralentissement manufacturier mondial. « Une reprise dépendra d'une accélération soudaine de l'innovation, mais cela reste imprévisible », conclut Briggs.