Commentaire : Un sénateur clé du GOP défie enfin les politiques anti-vaccin de RFK Jr. — mais il est trop tard
Le sénateur Bill Cassidy (R-La.), médecin de profession, avait longtemps bénéficié d'un respect bipartisan pour son soutien aux vaccinations infantiles. À Baton Rouge, il avait personnellement contribué à l'introduction des vaccins contre l'hépatite B et la grippe dans les écoles locales. Cependant, sa réputation de défenseur de la santé publique s'est effritée le 4 février lorsqu'il a annoncé son intention de voter en faveur de la confirmation de Robert F. Kennedy Jr., militant anti-vaccin notoire, comme secrétaire à la Santé et aux Services sociaux. La nomination de Kennedy, suspendue à un fil, a finalement été confirmée le 13 février grâce au vote décisif de Cassidy.
Kennedy avait rassuré Cassidy en promettant une collaboration étroite et sans précédent, ainsi que le maintien du Comité consultatif sur les pratiques de vaccination (ACIP) du CDC "sans modifications". Il avait également promis à Cassidy, président du Comité sénatorial sur la santé, l'éducation, le travail et les pensions (HELP), le droit de nommer un membre à tout comité examinant la sécurité des vaccins. Cependant, le 9 juin, Kennedy a limogé les 17 membres de l'ACIP et les a remplacés par huit nouveaux membres, qualifiés d'"anti-vaccins, proches des anti-vaccins ou incompétents" par David Gorski, expert en pseudosciences.
Cassidy est resté silencieux jusqu'au lundi précédant la première réunion du nouvel ACIP, où il a finalement critiqué les nominations de Kennedy sur X. Il a souligné que de nombreux nouveaux membres manquaient d'expérience en microbiologie, épidémiologie ou immunologie, et certains avaient même des préjugés contre les vaccins à ARNm. Cassidy a demandé un report de la réunion jusqu'à ce que le comité soit "pleinement doté d'une représentation plus robuste et équilibrée, conformément à la loi".
Paul Offit, expert en vaccins à l'hôpital pour enfants de Philadelphie, a qualifié cette critique de "trop tardive" et a remis en question la notion d'"équilibre" souhaité par Cassidy. Peter Hotez, spécialiste des vaccins, a ajouté que peu de scientifiques crédibles accepteraient de siéger aux côtés d'activistes anti-science. Dorit R. Reiss, experte en droit des vaccins, a précisé que la loi sur les comités consultatifs fédéraux (FACA) n'exigeait pas la représentation de points de vue anti-scientifiques.
La réunion de l'ACIP a tout de même eu lieu comme prévu, avec une présentation de Lyn Redwood sur le thimérosal, un préservatif de vaccins lié à de fausses allégations sur l'autisme. Redwood, ancienne présidente de Children’s Health Defense, une organisation anti-vaccin associée à Kennedy, symbolise la persistance des idées rejetées par la science. Malgré les demandes de Cassidy, Kennedy n'a pas commenté, et un porte-parole de Cassidy a refusé d'approfondir ses déclarations.
L'absence de directeur au CDC, après le retrait de la nomination de Dave Weldon (anti-vaccin) et l'absence de confirmation de Susan Monarez, a facilité les décisions unilatérales de Kennedy, comme le retrait des vaccins COVID pour les femmes enceintes et les enfants en bonne santé. Offit estime que Cassidy a perdu toute crédibilité en tant qu'autorité en matière de vaccins, ayant permis cette situation par son vote. Reiss déplore que Kennedy transforme l'ACIP en un outil partisan, sapant l'expertise américaine en santé publique. Pour ce virus anti-science, aucun vaccin ne semble en vue.