Révolution dans les Andes : l'agriculture précoce révèle une société prospère, contredisant les théories établies
Une analyse récente des régimes alimentaires des premiers agriculteurs des Andes remet en question l'idée reçue d'une transition agricole motivée par la nécessité. Publiée dans PLOS One par une équipe internationale dirigée par Luis Flores-Blanco (Université de Californie à Davis et Arizona State University), l'étude démontre au contraire une résilience économique remarquable durant cette période charnière.
Entre 5000 et 3000 ans avant notre ère, dans le bassin du lac Titicaca (sites de Kaillachuro et Jiskairumoko), les communautés andines ont maintenu une alimentation stable composée à 84% de plantes, complétée par de la viande de grands mammifères. Ces proportions, identiques avant, pendant et après la transition vers l'agriculture, infirment la théorie d'une crise alimentaire ayant forcé l'adoption de l'agriculture.
L'analyse isotopique du carbone et de l'azote sur 16 squelettes anciens révèle une continuité alimentaire surprenante. Les chercheurs y voient la preuve d'une économie mixte où chasse et cueillette coexistaient harmonieusement avec les premières domestications de plantes (pommes de terre, quinoa) et d'animaux (camélidés).
Cette stabilité millénaire s'expliquerait par des avancées culturelles simultanées : expansion des réseaux commerciaux, innovations céramiques et progrès dans les technologies de l'archerie. Comme le souligne Flores-Blanco : "Nos résultats montrent une transition agricole bénéfique et stable, fondée sur une connaissance approfondie de l'environnement andin."
Luisa Hinostroza, coauteure, insiste sur la portée de ces découvertes : "L'Altiplano a connu une transition agricole unique, marquée par l'abondance alimentaire et une gestion efficace des ressources sur le long terme." Ces conclusions s'appuient sur une approche pluridisciplinaire combinant archéobotanique, zooarchéologie et analyses statistiques avancées.
L'étude complète est disponible dans PLOS One (2025) sous le DOI : 10.1371/journal.pone.0325626. Ces travaux ont bénéficié du soutien de la Public Library of Science.