Saviez-vous que le Ricoh GR III possède un mode inspiré de Daido Moriyama ?
Dissimulé dans les menus du Ricoh GR III, sous la section 'Image Atmosphere' (Contrôle de l'image), se trouve un réglage nommé 'High Contrast B&W'. Le manuel de cet appareil photo compact indique qu'il permet de capturer une image en noir et blanc avec un contraste renforcé, imitant 'une sensation granuleuse... comme celle créée avec un film ultra-sensible ou un film poussé'. Mais soyons honnêtes : quiconque a arpenté les rues brutales de Tokyo, en réalité ou à travers les pages d'un livre de photographie, reconnaît immédiatement l'inspiration derrière ce mode. Bien qu'il ne soit pas officiellement baptisé 'Mode Moriyama', c'est bel et bien l'esprit du célèbre photographe de rue japonais qui s'en dégage. Daido Moriyama, dont les images radicales, riches en contraste et en grain, ont redéfini la notion de liberté photographique pour toute une génération, est depuis longtemps associé aux appareils compacts comme le Nikon Coolpix ou, plus récemment, le Ricoh GR. Le fait que son esthétique signature soit discrètement intégrée parmi les modes par défaut du GR III ressemble à un secret de Polichinelle. Mais c'est aussi une occasion manquée. Pourquoi Ricoh ne met-il pas davantage en avant cette fonctionnalité ? Et pourquoi les autres marques ne suivent-elles pas cet exemple ? Fujifilm a rencontré un immense succès avec ses Film Simulations, non seulement pour leur qualité esthétique, mais aussi pour le lien émotionnel qu'elles créent avec l'ère analogique de la photographie. Et si la prochaine évolution ne concernait pas les films, mais les photographes ? Imaginez des profils d'image conçus pour reproduire les styles visuels d'artistes iconiques : un mode Vivian Maier avec un contraste plus doux, ou un mode monochrome Salgado avec des noirs profonds. Bien sûr, certains pourraient arguer que cela encouragerait l'imitation, en incitant les photographes à s'approprier excessivement le langage visuel d'autrui. Cette inquiétude est légitime. Mais l'objectif ne serait pas de promouvoir le copiage, pas plus que l'utilisation de pellicules Tri-X ou Portra ne le fait. Ces simulations serviraient d'invitations créatives, non de limites : une manière d'expérimenter, d'apprendre et de grandir à travers l'influence, plutôt que le mimétisme. Tout comme les peintres étudient les maîtres avant de développer leur propre style, les photographes pourraient tirer profit de la compréhension des structures tonales et des atmosphères qui ont façonné les grands noms. Pour une marque comme Ricoh, dont les appareils GR jouissent déjà d'une communauté dévouée et de racines profondes dans la photographie de rue, cette approche narrative pourrait tout changer. Non seulement elle rendrait hommage à l'héritage de photographes comme Moriyama, mais elle offrirait également aux nouveaux utilisateurs un moyen concret d'explorer l'identité visuelle, non pas à travers des spécifications techniques, mais par le ressenti. Car, au final, c'est bien cela qui attire tant d'entre nous vers la photographie. Parfois, la meilleure façon de trouver sa propre voix est de marcher un moment dans les pas d'un autre, ou dans ce cas précis, dans ses ombres et son grain.