Critique : 'The Damned' donne vie à la guerre civile de manière intime, oblique et envoûtante
Combien peut-on retirer d'un film de guerre et avoir encore un film de guerre ? Cette question anime "The Damned", le nouveau film de Roberto Minervini, un réalisateur italien vivant aux États-Unis depuis 25 ans, dont les œuvres explorent les marges et les désenchantements de la société américaine. Bien que marquant son premier pas dans la narration traditionnelle, ce drame existentiel conserve les caractéristiques de ses précédents documentaires, privilégiant l'évocation d'une époque et d'un état d'être plutôt que l'action. Le film plonge les spectateurs au cœur de la guerre civile, révélant des âmes perdues et des incertitudes persistantes, reflets des tensions contemporaines.
Dès la première scène, le style naturaliste de Minervini se manifeste, avec une attention prolongée sur une meute de loups dévorant une carcasse. Cette image troublante introduit des soldats volontaires anonymes de l'armée américaine en 1862, dont la mission reste mystérieuse. Le film évite les clichés du cinéma anti-guerre, préférant montrer le quotidien banal et les réflexions rudimentaires de ces hommes sur la guerre et la masculinité.
Une rare scène de combat, délibérément chaotique, rompt avec la monotonie, mais le film maintient une focalisation étroite sur les soldats, laissant l'ennemi dans le flou. Cette approche minimaliste, bien que parfois prévisible, renforce l'exploration des inégalités économiques et des divisions sociales qui persistent depuis la guerre civile. "The Damned" n'est pas qu'un film sur le passé ; c'est une réflexion sur les conflits toujours vivaces de l'Amérique.