Le détroit d'Ormuz : Pourquoi cette voie maritime est-elle si cruciale pour l'économie mondiale ?
Malgré l'absence de perturbations majeures dans l'approvisionnement pétrolier mondial, les récentes attaques contre l'Iran par Israël et les États-Unis ont semé l'inquiétude parmi les investisseurs. Les prix du pétrole ont bondi d'environ 10 % depuis le début des hostilités, alimentés par la crainte que l'Iran ne riposte en perturbant la navigation dans le détroit d'Ormuz. Ce passage stratégique, situé entre le golfe Persique et le golfe d'Oman, ne mesure que 34 kilomètres de large à son point le plus étroit. Il constitue l'unique voie d'exportation du pétrole brut depuis les riches gisements du golfe Persique vers le reste du monde.
L'Iran contrôle la partie nord du détroit, par lequel transite environ 20 millions de barils de pétrole par jour, soit un cinquième de la production mondiale quotidienne selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). Suite aux frappes américaines contre des installations nucléaires iraniennes, le Brent a brièvement dépassé les 80 dollars le baril, un niveau inédit depuis janvier. Les prix pourraient encore grimper en fonction de la réponse de l'Iran, avertissent les experts.
Un conseiller influent du guide suprême iranien a appelé à la fermeture du détroit, une menace qui pèse lourdement sur les marchés pétroliers. Toute perturbation de cette voie maritime clé pourrait faire bondir les prix jusqu'à 100 dollars le baril et affecter gravement l'économie mondiale, selon Rob Thummel de Tortoise Capital. Les analystes soulignent cependant que l'Iran aurait beaucoup à perdre en bloquant le détroit, risquant d'aliéner ses voisins producteurs de pétrole et son principal client, la Chine.
La Chine, premier importateur de pétrole iranien, dépend fortement du détroit d'Ormuz, tout comme d'autres économies asiatiques. En 2023, 84 % du pétrole brut et 83 % du gaz naturel liquéfié transitant par le détroit étaient destinés à l'Asie. Face aux tensions régionales, la Chine a appelé à la désescalade pour préserver la stabilité économique mondiale, tandis que l'Inde a rassuré sur la diversification de ses approvisionnements énergétiques.