Bombarder les sites nucléaires iraniens complique la traque des installations restantes
La décision du président américain Donald Trump d'ordonner des frappes aériennes sur trois sites nucléaires clés en Iran pourrait avoir affaibli les capacités atomiques connues de la République islamique, mais elle a également créé un défi majeur pour évaluer ce qui subsiste et où. Trump a affirmé que des sites fortifiés avaient été « totalement anéantis » samedi soir, mais des analyses indépendantes n'ont pas encore confirmé ces déclarations. Selon trois experts du programme nucléaire iranien, ces frappes compliquent davantage le suivi de l'uranium et la garantie que l'Iran ne construise pas d'arme nucléaire.
Les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), toujours présents en Iran, évaluent les dégâts après les bombardements israéliens du 13 juin. Bien que les frappes militaires puissent détruire les installations déclarées, elles pourraient aussi pousser l'Iran à cacher son programme. Darya Dolzikova, chercheuse au Royal United Services Institute, estime qu'il est peu probable que l'entrée en guerre des États-Unis incite l'Iran à coopérer davantage avec l'AIEA.
Depuis plus d'une semaine, les inspecteurs de l'AIEA n'ont pas pu localiser le stock d'uranium enrichi à un niveau proche de celui des armes nucléaires. Les autorités iraniennes ont admis avoir brisé les scellés de l'agence et déplacé le matériel vers un lieu non divulgué. L'AIEA a appelé à un cessez-le-feu pour résoudre la situation, et son conseil des gouverneurs se réunira lundi à Vienne.
Les États-Unis ont envoyé des bombardiers furtifs B-2 équipés de bombes GBU-57 pour cibler les sites souterrains d'enrichissement d'uranium à Natanz et Fordow. Des images satellites de Fordow montrent de nouveaux cratères et des effondrements possibles, mais aucun dommage visible aux salles d'enrichissement souterraines. Le général de l'US Air Force Dan Caine a déclaré que l'évaluation des dégâts prendrait du temps.
Avant l'intervention américaine, les frappes israéliennes avaient eu un succès limité, endommageant principalement des installations électriques à Natanz. Les États-Unis ont également attaqué le Centre de recherche nucléaire d'Ispahan, que l'AIEA a décrit comme « gravement endommagé » après réévaluation.
La mission principale de l'AIEA est de surveiller l'uranium dans le monde et d'empêcher son utilisation militaire. Tariq Rauf, ancien responsable de la vérification nucléaire à l'AIEA, souligne que le suivi des stocks iraniens sera désormais extrêmement difficile, notamment pour près de 9 000 kg d'uranium enrichi, dont 410 kg à 60 %.
Les inspecteurs ont perdu la trace du stock d'uranium hautement enrichi, suffisant pour fabriquer dix ogives nucléaires. Selon Dolzikova, ces stocks ont probablement été déplacés vers des sites secrets et renforcés pour éviter de nouvelles frappes.
L'infrastructure nucléaire iranienne est dispersée dans tout le pays, avec des milliers de scientifiques travaillant sur des dizaines de sites. Les analystes en sécurité nucléaire estiment que leur tâche deviendra bien plus complexe après ces frappes. Robert Kelley, ancien inspecteur de l'AIEA, explique que les bombardements ont non seulement perturbé le suivi des stocks, mais aussi rendu inutilisables certaines méthodes de vérification, comme l'échantillonnage environnemental.