Pourquoi l'avenir de la géopolitique se joue en Asie du Sud-Est : le leadership malaisien à l'épreuve
En 2025, la Malaisie, sous la direction du Premier ministre Anwar Ibrahim, a assumé la présidence tournante de l'ASEAN avec l'ambition de renforcer l'intégration régionale et de faire face aux défis géopolitiques croissants. Malgré des progrès notables dans le domaine numérique et économique, les limites structurelles de l'organisation et les crises régionales comme celle du Myanmar ont mis en lumière les contraintes du leadership malaisien.
Sur le plan économique, la Malaisie a priorisé l'Accord-cadre sur l'économie numérique (DEFA), une initiative visant à harmoniser les règles en matière de commerce électronique, de cybersécurité et de gouvernance des données. Cette approche reflète la théorie du soft power de Joseph Nye, où la persuasion et l'influence institutionnelle priment sur la coercition. Cependant, ces avancées, bien que significatives, restent peu transformatrices sur le plan stratégique.
La crise au Myanmar a testé les capacités diplomatiques de l'ASEAN. La Malaisie a tenté de recentrer les discussions sur les questions humanitaires plutôt que sur la légitimité du régime, une approche inspirée par la théorie du leadership adaptatif de Ronald Heifetz. Pourtant, sans levier concret, les efforts de médiation ont eu un impact limité face à l'intransigeance de la junte militaire.
En mer de Chine méridionale, la Malaisie a adopté une posture de prudence stratégique, évitant les escalades verbales tout en maintenant des canaux diplomatiques ouverts avec Pékin. Cette approche reflète la logique de l'équilibre des puissances sans alliances formelles, caractéristique de la stratégie de hedging des pays de l'ASEAN.
Le retour de Donald Trump à la présidence américaine a compliqué les calculs géopolitiques de la région. La Malaisie, tout en diversifiant ses partenariats, a critiqué les politiques américaines au Moyen-Orient et a posé sa candidature pour rejoindre les BRICS, signalant un réalignement stratégique vers le Sud global.
En définitive, la présidence malaisienne de l'ASEAN en 2025 a mis en lumière à la fois les potentialités et les limites de l'organisation. Anwar Ibrahim a démontré un leadership intelligent et mesuré, mais dans un système qui résiste aux transformations profondes. L'ASEAN reste une institution nécessaire, mais pas encore décisive, dans un paysage géopolitique de plus en plus fragmenté.