L'interrègne mondial est arrivé : Un ordre fragile exposé par la guerre au Moyen-Orient
Le monde entre dans une période d'interrègne géopolitique, où l'ordre ancien s'effrite sans qu'un nouveau ne soit encore établi. La récente guerre entre Israël et l'Iran a révélé la fragilité du système international, avec des conséquences économiques inédites par rapport aux crises passées.
Contrairement aux chocs pétroliers historiques, cette guerre n'a provoqué qu'une hausse modérée des prix du brut, simplement compensant les baisses récentes. Les marchés financiers ont rapidement retrouvé leur calme, montrant que les investisseurs perçoivent ce conflit comme une nuisance plutôt qu'une catastrophe.
Pourtant, le contexte économique mondial reste précaire. Les prévisions de l'OCDE et de la Banque mondiale tablent sur une croissance inférieure à 3% en 2025. Les économies développées, en particulier, montrent des signes de stagnation inquiétants.
La particularité de cette crise réside dans l'attitude des grandes puissances, qui observent le conflit sans s'impliquer directement. Même les États-Unis, sous la présidence Trump, hésitent à soutenir pleinement Israël, divisés entre leur alliance traditionnelle et leur nouveau focus sur la rivalité avec la Chine.
Cette indécision reflète un changement profond dans la politique étrangère américaine. Trump privilégie une approche imprévisible et transactionnelle, rompant avec les engagements traditionnels des États-Unis. Son 'America First' reste flou dans son application, créant une incertitude sans précédent pour les alliés comme pour les adversaires.
Conséquence directe : le dollar américain ne joue plus son rôle traditionnel de valeur refuge lors des crises géopolitiques. Pour la première fois depuis des décennies, les investisseurs se tournent vers l'or plutôt que vers les actifs américains en période de tension.
Cette situation rappelle l'entre-deux-guerres du XXe siècle, lorsque le Royaume-Uni déclinant ne pouvait plus assurer la stabilité mondiale, tandis que les États-Unis n'étaient pas encore prêts à prendre le relais. Aujourd'hui, c'est l'hégémonie américaine qui vacille, sans qu'aucune puissance ne soit en mesure de la remplacer immédiatement.
Le danger réside dans l'incapacité du système international à faire face à un choc économique majeur. Contrairement aux crises de 2008 ou 2020, les désaccords politiques entre les grandes puissances rendraient toute coordination difficile. Les tensions accumulées dans le système financier - notamment autour du private equity et des cryptomonnaies - pourraient précipiter une nouvelle crise.
Si la guerre actuelle au Moyen-Orient ne semble pas devoir déclencher un cataclysme économique comparable à 1973, elle révèle les failles profondes de l'ordre occidental. La prolongation du conflit ne ferait qu'aggraver ces vulnérabilités, mettant à l'épreuve la capacité déclinante des États-Unis à jouer leur rôle traditionnel de stabilisateur global.