Ce que les animateurs peuvent apprendre d'un court-métrage primé, selon un ancien pro de Disney et DreamWorks
Les courts-métrages d'animation, surtout ceux réalisés par des étudiants, ont le pouvoir de surprendre par leur créativité brute et leur ambition. 'Trash', un film de fin d'études de l'ESMA, en est un parfait exemple. Découvert par Shelley Page, une experte en animation ayant travaillé sur des classiques comme 'Shrek' et 'Roger Rabbit', ce film se distingue par son récit puissant et son style visuel unique.
Shelley Page, qui siège dans les jurys des meilleures écoles d'animation, a été immédiatement captivée par 'Trash'. Le film, situé dans une ruelle sordide, met en scène un rat et un pigeon se battant pour une part de pizza, sous le regard d'un sans-abri nommé Röno. Ce dernier incarne l'empathie dans un monde déshumanisé, offrant une fin poignante et inattendue.
Le film se distingue par sa narration subtile mais efficace, explorant des thèmes universels comme la survie et l'égo sans aucun dialogue. L'équipe a construit son histoire autour d'une métaphore centrale : la surconsommation et son impact sur l'empathie. Shelley souligne que le film 'frappe viscéralement' mais se rachète par un moment de connexion humaine.
Sur le plan visuel, 'Trash' adopte un style théâtral inspiré de cinéastes comme Ari Aster. Les textures stylisées, les effets de flou de mouvement et l'éclairage soigné créent une atmosphère à la fois élégante et oppressante. L'environnement, traité comme un personnage à part entière, renforce la cohérence narrative.
L'animation, complexe et précise, s'inspire de techniques de films live-action comme 'Athena'. Les plans séquences et les mouvements de caméra chorégraphiés ajoutent une immersion cinématographique rare dans les films étudiants. Shelley relève que cette maîtrise technique, combinée à une direction artistique audacieuse, élève le film à un niveau professionnel.
L'ambiance du film, sombre et immersive, est renforcée par des transitions lumineuses inspirées de 'Delicatessen' et 'Seven'. La ruelle, décrite comme un 'trou noir' absorbant les personnages, participe activement à l'histoire. Ce travail minutieux sur l'environnement distingue 'Trash' des autres productions étudiantes.
Primé au festival Cinequest (qualificatif aux Oscars), 'Trash' pourrait bien poursuivre sa route vers d'autres récompenses. Pour Shelley, ce film est un rappel que la conviction créative compte autant que la technique. 'Un court-métrage exceptionnel a le pouvoir d'effacer tous les autres de votre mémoire', confie-t-elle. Avec sa vision audacieuse et sa profondeur émotionnelle, l'équipe de l'ESMA a créé une œuvre marquante.