Porto Rico : un mouvement inattendu pour quitter les États-Unis et rejoindre l'Espagne
Un débat inédit agite les habitants de Porto Rico concernant l'avenir de ce territoire américain. Depuis plus d'un siècle, le statut politique de l'île reste une question non résolue. Bien que ses 3 millions d'habitants soient citoyens américains, ils n'ont pas de représentation au Congrès ni le droit de vote aux élections présidentielles. Trois options historiques se présentent : maintenir le statut actuel, devenir un État américain à part entière, ou obtenir l'indépendance. Aujourd'hui, une quatrième voie émerge : le retour sous souveraineté espagnole.
Le groupe Adelante Reunificationistas, porteur de cette idée surprenante, affirme que 13% de la population soutient ce projet. Les militants estiment que Porto Rico a stagné sous administration américaine et que ses habitants n'ont jamais souhaité quitter la domination espagnole en 1898. Cependant, la réalisation de ce projet nécessiterait une majorité populaire et l'accord du gouvernement espagnol, qui n'a pas encore réagi publiquement.
Le contexte historique complexe remonte à la guerre hispano-américaine de 1898, lorsque l'île fut cédée aux États-Unis avec les Philippines et Guam. Alors que les Philippines ont obtenu leur indépendance en 1946, Porto Rico reste un territoire non incorporé. En 1952, son retrait de la liste des territoires non autonomes de l'ONU fut contesté, le comité de décolonisation qualifiant toujours la relation avec les États-Unis de « coloniale ».
En novembre 2024, un référendum symbolique a montré que 57% des votants préféraient le statut d'État américain. Cependant, cette option nécessiterait l'approbation du Congrès américain, qui n'a pas admis de nouvel État depuis Hawaï en 1959. Porto Rico deviendrait ainsi le premier État majoritairement hispanophone, se classant au 33e rang pour la population.
Le mouvement réunificationiste souligne le modèle décentralisé de l'Espagne, où 17 communautés autonomes jouissent d'une large autonomie. La dernière intégration remonte aux Canaries en 1982. Parallèlement, l'Espagne doit composer avec ses propres mouvements séparatistes, notamment en Catalogne et au Pays basque.
Fondamentalement, ce débat reflète l'identité complexe de Porto Rico, entre héritage taïno, colonialisme espagnol et influence américaine. Alors que certains rêvent de retour aux racines ibériques, d'autres envisagent plutôt une pleine intégration américaine ou une indépendance totale. L'avenir de l'île reste donc une question ouverte, marquée par plus d'un siècle d'incertitude constitutionnelle.