Urgence carcérale : la France renforce la prévention face à la hausse alarmante des suicides en prison
Les prisons françaises intensifient leurs mesures préventives alors que le nombre de suicides parmi les détenus atteint un niveau critique. Selon les dernières données publiées le 12 juin 2025 par la Direction de l'Administration Pénitentiaire (DAP), 157 détenus se sont suicidés en 2023 contre 139 en 2022, soit une augmentation de 13%. Ce taux est 10 fois supérieur à celui de la population générale et double pour les personnes en isolement.
Une étude inédite présentée au Congrès de l'Association Française des Professionnels de Santé en Prison révèle que 95% des victimes sont des hommes, dont plus de la moitié avaient moins de 40 ans. Près de la moitié souffraient de troubles psychiatriques diagnostiqués avant leur incarcération, avec une aggravation fréquente durant la détention.
Le plan national de prévention du suicide, actualisé régulièrement depuis 2009, comprend désormais des 'référents suicide' dans chaque établissement. La formation Terra, dispensée par l'École Nationale d'Administration Pénitentiaire, a équipé le personnel pour mieux détecter les signaux d'alerte. Des comités pluridisciplinaires se réunissent deux fois par mois pour élaborer des plans de protection individualisés.
Depuis 2014, un programme de pairs aidants formés par la Croix-Rouge apporte un soutien crucial. Le système VigilanS, déployé dans le nord de la France, maintient un contact post-libération via des cartes postales de suivi. Cinq centres pénitentiaires testent actuellement une ligne d'urgence psychiatrique disponible 24h/24.
Comme l'explique Lucie Séguret, résidente en psychiatrie à Seclin : 'La réinsertion représente un pic de vulnérabilité.' Des équipes mobiles spécialisées accompagnent désormais les détenus en fin de peine à Lille et Toulouse, où le risque suicidaire reste élevé après la libération.