Julie D’Aubigny : La diva de l'opéra, maître d'armes et amante passionnée qui incendia un couvent pour sauver sa bien-aimée
À la fin du XVIIe siècle, un couvent d'Avignon, dans le sud de la France, fut réduit en cendres par un incendie criminel. L'auteure de cet acte audacieux n'était autre que Julie D’Aubigny, une future star de l'opéra et maître d'armes, déterminée à libérer sa compagne recluse. Cette histoire d'amour queer et de passion artistique marqua le début d'une vie extraordinaire, entre duels, scandales et triomphes sur les planches de l'Opéra de Paris.
Née en 1673, Julie D’Aubigny bénéficia d'une éducation rare pour une femme de son époque. Fille d'un secrétaire influent à la cour de Louis XIV, elle apprit l'escrime et les lettres aux côtés des garçons. Dès 12 ans, elle rivalisait avec les meilleurs bretteurs, souvent vêtue en homme, au point de devoir prouver son sexe lors d'un duel mémorable.
Sa vie sentimentale fut aussi tumultueuse que ses exploits. À 14 ans, elle entama une relation avec le maître de cavalerie Louis de Lorraine-Guise, avant de se marier et de prendre le nom de La Maupin. Mais c'est son histoire d'amour avec une jeune femme qui marqua les esprits : après que la famille eut enfermé sa bien-aimée au couvent, Julie s'y infiltra, organisa une évasion spectaculaire en simulant un incendie, et fuya avec elle pendant des mois.
Condamnée à mort par contumace, Julie trouva refuge dans le chant. Repérée par des figures de l'opéra comme Gabriel-Vincent Thévenard, elle intégra l'Opéra de Paris en 1690 sous le nom de Mademoiselle de Maupin. Pendant quinze ans, elle illumina les scènes, interprétant aussi bien des rôles de soprano que de contralto, inspirant des compositeurs comme Campra qui créèrent des rôles sur mesure pour elle.
Sa mort à 33 ans, après le décès de sa dernière compagne, la marquise de Florensac, mit fin à une existence hors normes. Entre mythe et réalité, Julie D’Aubigny reste une icône queer, symbole de liberté et de passion artistique dans une époque rigoriste.