Le 'Dôme Doré' de Trump : Une Utopie Nucléaire Démontée par les Scientifiques
Les États-Unis possèdent l'un des plus grands arsenaux nucléaires au monde. Leur rêve a toujours été de pouvoir lancer ces armes sans subir de représailles. Ronald Reagan l'appelait l'Initiative de Défense Stratégique. Ses critiques le surnommaient 'Guerre des Étoiles'. Trump le baptise désormais 'Dôme Doré'. Les scientifiques spécialisés affirment qu'il s'agit d'une pure fantaisie.
Un des premiers décrets de Trump a chargé le Pentagone de concevoir un 'Dôme de Fer pour l'Amérique', capable d'intercepter des missiles nucléaires avant qu'ils n'atteignent leur cible. Ses supporters ont rebaptisé le projet 'Dôme Doré'. L'idée, initiée par Reagan, repose sur des satellites équipés d'intercepteurs. Depuis 70 ans, les États-Unis ont dépensé 400 milliards de dollars dans ce rêve. Le projet de Trump y ajoutera 175 milliards.
Lors d'une conférence de presse mardi, Trump a annoncé le lancement imminent du projet. 'C'est quelque chose que nous voulons. Ronald Reagan le voulait il y a des années, mais la technologie n'était pas là', a-t-il déclaré. Il a promis un système 'pleinement opérationnel avant la fin de mon mandat, donc dans environ trois ans'.
Trump affirme que le système neutralisera 'les missiles hypersoniques, balistiques et de croisière avancés'. 'Nous achèverons le travail commencé par Reagan il y a 40 ans, éliminant pour toujours la menace missile sur le sol américain', a-t-il ajouté. 'Le taux de réussite est proche de 100%, ce qui est incroyable quand on y pense : on tire sur des balles en plein vol.'
Les experts jugent ces déclarations fantaisistes. En mars, un groupe de scientifiques bénévoles de l'American Physical Society a publié une étude sur l'efficacité réelle de la défense antimissile. Le rapport conclut que le projet de Trump relève de l'utopie, quelles que soient ses spécificités.
L'étude, rédigée par dix scientifiques dont Frederick K. Lamb (Université de l'Illinois) et Cynthia Nitta (Lawrence Livermore Lab), analyse trois phases critiques : propulsion (3-5 min), milieu de trajectoire (20-30 min) et phase terminale (30 sec). La taille des États-Unis rend particulièrement inefficace l'interception en phase terminale.
'Le Dôme de Fer israélien protège partiellement de petites zones contre des roquettes artisanales', expliquent les chercheurs. 'Mais les États-Unis continentaux sont 375 fois plus grands qu'Israël.' Même les systèmes Patriot ou THAAD, plus performants, nécessiteraient des milliers d'intercepteurs pour couvrir toutes les cibles potentielles.
L'étude se concentre sur la menace nord-coréenne, jugée plus réaliste que les arsenaux russes ou chinois. 'Même contre quelques missiles peu sophistiqués, les défenses actuelles ont une efficacité limitée', soulignent les scientifiques. Ils estiment que cette capacité restera faible pendant 15 ans.
Pourquoi ce rêve persiste-t-il ? 'La vulnérabilité aux missiles nucléaires est angoissante depuis les années 1950', analysent les experts. 'Les dirigeants cherchent désespérément une solution technique.' Mais intercepter des ICBM reste extrêmement complexe : il faudrait 16 000 intercepteurs pour contrer seulement 10 missiles nord-coréens lancés en rafale.
L'interception en milieu de trajectoire présente ses propres défis. Le système Ground-based Midcourse Defense, basé en Alaska, libère des véhicules tueurs guidés par radar. Mais en l'absence de résistance atmosphérique, des leurres légers suivent la même trajectoire que l'ogive, trompant les défenses. Une explosion nucléaire à haute altitude pourrait aussi aveugler les capteurs.
Quant à l'interception pendant la propulsion, elle nécessiterait des intercepteurs ultra-rapides, capables d'atteindre le missile en 2 à 4 minutes. 'C'est techniquement hors de portée', concluent les scientifiques. Leur verdict est sans appel : le Dôme Doré relève davantage de la science-fiction que de la stratégie militaire réaliste.