ADN ancien de Papouasie-Nouvelle-Guinée : des siècles d'isolement génétique révélés
Une étude révolutionnaire révèle que les premiers groupes humains de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont vécu dans un isolement génétique total pendant des siècles. Publiée le 4 juin dans Nature Ecology & Evolution, cette recherche analyse pour la première fois des génomes anciens de cette région du Pacifique.
L'équipe internationale, dirigée par Kathrin Nägele et Rebecca Kinaston, a examiné l'ADN de 42 individus vieux de 2 600 ans. Leurs découvertes montrent que les populations locales et les Lapita, arrivés il y a 3 300 ans, n'ont pratiquement pas mélangé leurs gènes pendant des siècles.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée, deuxième plus grande île au monde, joua un rôle clé dans le peuplement du Pacifique. Pourtant, son histoire génétique restait méconnue en raison des difficultés de conservation de l'ADN en milieu tropical.
Contrairement aux attentes, les Lapita - réputés pour leur poterie et leur agriculture - et les autochtones ont maintenu des lignées génétiques distinctes. Un seul individu, datant d'il y a 2 100 ans, témoigne d'un métissage tardif.
Plus surprenant encore, deux communautés vivant à quelques kilomètres sur la côte sud il y a 150 à 500 ans présentaient des différences génétiques marquées. Six générations séparaient leur ancêtre commun, malgré l'absence de barrières géographiques.
Les chercheurs attribuent cette division à des changements climatiques survenus entre 1 200 et 500 ans avant notre ère. Les réseaux commerciaux distincts - côtiers pour Nebira, intérieurs pour Eriama - auraient ensuite renforcé les différences culturelles.
Ces travaux éclairent aussi le peuplement des îles océaniennes comme Samoa ou Vanuatu, confirmant que Papous et Lapita s'y sont mélangés indépendamment de la Nouvelle-Guinée. Une preuve des remarquables capacités maritimes des chasseurs-cueilleurs papous, souvent sous-estimées.
L'équipe prévoit maintenant d'étudier des échantillons plus anciens, notamment des Hautes-Terres et des premiers arrivants asiatiques. Comme le souligne Nägele : "Nous n'avons fait qu'effleurer la surface de l'histoire génétique complexe de cette île extraordinaire."