Remplacer le laitier par des boues : la recette révolutionnaire pour un béton plus résistant et écologique
Des chercheurs de l'Université d'Australie-Méridionale (UniSA) ont mis au point un béton innovant en substituant partiellement le laitier par des boues de traitement des eaux. Ce matériau, plus résistant que les ciments traditionnels et hautement résistant à la corrosion acide, pourrait révolutionner la construction des canalisations d'eaux usées.
Le laitier granulé broyé (GGBS), un sous-produit sidérurgique, est couramment utilisé pour renforcer le ciment. Cependant, l'équipe de l'UniSA a découvert qu'en remplaçant 20 à 40% du GGBS par des boues d'alun déshydratées, issues du traitement des eaux, on obtenait un béton 50% plus résistant à la compression.
Cette innovation présente un double avantage environnemental : elle valorise un déchet industriel autrement enfoui et réduit les émissions de CO2 liées au transport des boues. Comme l'explique Weiwei Duan, co-auteur de l'étude, cette solution limite l'occupation des décharges et leur impact carbone.
Le nouveau matériau résiste particulièrement bien aux bactéries sulfuroxydantes et aux acides, un atout majeur pour les canalisations d'eaux usées qui subissent une corrosion accélérée. En Australie, la dégradation des égouts coûte près de 70 milliards de dollars annuels aux contribuables.
Le professeur Yan Zhuge, directeur du projet, souligne le potentiel de cette technologie : allongement de la durée de vie des infrastructures, économies de maintenance et contribution à l'économie circulaire. Des tests supplémentaires sont nécessaires pour évaluer sa performance à long terme et sa viabilité industrielle.
Cette recherche, publiée dans le Journal of Building Engineering, s'inscrit dans la quête mondiale de ciments plus écologiques. Le secteur de la construction, responsable de 8% des émissions globales de CO2, cherche activement des alternatives comme ce ciment à base de boues ou d'autres innovations récentes utilisant des déchets de construction ou du CO2.