La culture du surmenage '996' chinoise divise les startups européennes — 7 fondateurs et investisseurs expliquent leur résistance
La scène startup européenne a récemment été secouée par un débat sur LinkedIn, où certains investisseurs en capital-risque ont poussé les fondateurs à adopter une culture de surmenage pour rivaliser à l'échelle mondiale. Le modèle '996' (9h-21h, 6 jours/semaine), emblématique en Chine avec des géants comme Alibaba et TikTok, suscite des protestations croissantes. En 2021, des travailleurs tech européens ont refusé des offres d'emploi chez TikTok après avoir découvert cette culture. Sebastian Becker de Redalpine a alimenté le débat en critiquant la proposition allemande de supprimer la limite légale de 8h/jour, estimant que '40h/semaine ne suffisent pas'. Martin Mignot d'Index Ventures souligne que le 996, bien qu'originaire de Chine, devient une norme tacite dans les startups internationales. Cette pression reflète une perception persistante du retard européen face aux États-Unis et à la Chine, connus pour leurs cultures de travail intensives. Cependant, Suranga Chandratillake de Balderton Capital conteste cette vision, citant l'émergence récente de licornes européennes comme Klarna et Revolut. L'appel à adopter le 996 a provoqué un tollé. Sept fondateurs et investisseurs européens expliquent leur opposition. 'Fétichisation du surmenage' Pour Chandratillake, l'obsession pour le 996 relève d'une glorification mythique du 'hustle culture'. Nina Mohanty de Bloom Money met en garde contre les effets durables du surmenage, évoquant les difficultés de Revolut, où le turnover élevé et les problèmes de licence bancaire ont été liés à cette culture. Revolut se défend en promouvant un environnement 'collaboratif et challengeant'. Noa Khamallah de Don't Quit Ventures souligne l'incompatibilité du 996 avec les valeurs européennes, citant Spotify et SAP comme exemples de succès basés sur l'innovation durable. Il critique l'éthique 'move fast and break things' de la Silicon Valley, incompatible avec les droits des travailleurs en Europe. 'J'espère que mes concurrents font du 996' Sarah Wernér de Husmus estime que le surmenage crée une crise de productivité et facilite le recrutement de talents épuisés. Dama Sathianathan de Bethnal Green Ventures rejette la prescription d'horaires, soulignant que l'optimisation du travail ne garantit pas la productivité. Jas Schembri-Stothart de Luna prédit que le 996 éloignera les jeunes talents, moins tolérants envers les cultures toxiques. 'L'écosystème européen doit se renforcer' Les fondateurs plaident pour plus de financements plutôt que d'heures supplémentaires. Wernér dénonce un manque de 375 milliards de dollars d'investissements depuis 2015, poussant 50% des startups à se tourner vers les États-Unis. Schembri-Stothart appelle à un accès équitable aux ressources pour rivaliser avec l'écosystème américain. 'Il y a des saisons' Timothy Armoo, ex-PDG de Fanbytes, admet que les phases intenses sont nécessaires pour les fondateurs en création de richesse, mais souligne le rôle de l'IA pour optimiser l'efficacité. Mohanty reconnaît que les startups early-stage adoptent souvent involontairement le rythme du 996. Schembri-Stothart refuse d'imposer ce rythme à son équipe. Dion McKenzie met en garde contre l'exclusion des fondateurs prioritaires à leur santé mentale ou à leur vie familiale si le 996 devient un critère de financement.