Les Républicains s'engagent dans une refonte radicale d'Internet : la protection des enfants en ligne en question
Pendant des années, la protection des enfants en ligne a été présentée comme l'un des rares sujets sur lesquels Républicains et Démocrates pouvaient s'entendre. L'année dernière, presque tout le Sénat avait voté en faveur d'une loi substantielle sur la sécurité en ligne des enfants, un rare exemple de bipartisme. Cependant, un récent atelier de la Federal Trade Commission (FTC) a montré comment ce consensus pourrait voler en éclats sous un second mandat de Donald Trump, avec une rhétorique centrée sur les valeurs familiales conservatrices et les droits des parents.
L'atelier, intitulé "L'économie de l'attention : comment les géants de la tech exploitent les enfants et nuisent aux familles", a marqué un tournant partisan. Initialement annoncé sous l'administration Biden avec un intitulé plus neutre, l'événement a mis en avant des régulateurs et législateurs Républicains, ainsi que des groupes conservateurs comme la Heritage Foundation, au détriment des universitaires et acteurs industriels habituels.
Parmi les intervenants figuraient les sénateurs Marsha Blackburn (R-TN) et Katie Britt (R-AL), ainsi que le président de la FTC Andrew Ferguson. Blackburn et Britt sont à l'origine de propositions de lois bipartisanes sur la sécurité en ligne, comme le Kids Online Safety Act (KOSA) et le Kids Off Social Media Act (KOSMA). Ces textes visent à lutter contre le cyberharcèlement et les fonctionnalités addictives des réseaux sociaux.
Toutefois, sous une administration Trump, le discours a pris une tonalité plus conservatrice. Ferguson a évoqué la "culture de l'annulation" et insisté sur le besoin de donner aux parents plus de contrôle. D'autres intervenants, opposés aux droits des personnes trans, ont invoqué des valeurs chrétiennes et familiales. Joseph Kohm, de la Family Policy Alliance, a accusé l'industrie du sexe, incluant la pornographie, de profiter des enfants.
Cette approche unilatérale suscite des critiques. L'App Association, représentant les PME tech, a plaidé pour un dialogue plus équilibré. Le Cato Institute a dénoncé un règlement de comptes anti-tech. Pourtant, pour des parents comme Maurine Molak, dont le fils s'est suicidé après du cyberharcèlement, l'urgence reste de protéger les enfants, au-delà des clivages politiques.
Alors que les Républicains contrôlent désormais le Congrès, l'avenir des réformes comme le KOSA reste incertain. Le risque est que cette nouvelle orientation partisan éloigne les soutiens nécessaires à une législation efficace, malgré l'urgence exprimée par les familles touchées.