Transition énergétique en péril : La pénurie de câbles haute tension menace les ambitions vertes
Alors que les nations multiplient les objectifs ambitieux en matière d'énergies renouvelables, un obstacle inattendu menace la transition énergétique mondiale : une pénurie de câbles électriques haute tension. Ces artères invisibles du réseau électrique moderne, capables de transporter l'équivalent de la production d'un réacteur nucléaire, font face à une demande explosive tandis que leur production reste complexe et coûteuse.
Claes Westerlind, PDG du fabricant danois NKT, révèle à Bloomberg que les usines spécialisées sont réservées des années à l'avance. La fabrication de ces câbles - parfois épais comme un torse humain - exige des installations verticales spécialisées où la moindre impureté peut provoquer des pannes catastrophiques.
La technologie HVDC (courant continu haute tension), développée par NKT dans les années 1950, domine désormais 80 à 90% des nouveaux projets d'infrastructures. Pourtant, l'industrie hésite à investir dans de nouvelles capacités de production, traumatisée par la sous-utilisation d'usines construites il y a dix ans.
Selon l'Agence Internationale de l'Énergie, il faudrait construire 80 millions de kilomètres de réseau d'ici 2040 - soit doubler le siècle dernier en quinze ans. Mais chaque nouvelle usine représente un investissement d'un milliard d'euros, nécessitant des engagements à 30 ans pour être rentable.
Les tensions géopolitiques compliquent la situation : si la Chine domine en volume, l'Occident garde l'avantage technologique. L'Europe et les États-Unis s'inquiètent de leur dépendance pour cette infrastructure critique, au cœur de leur souveraineté énergétique.
Seules des 'investissements anticipatoires' des gouvernements et opérateurs pourraient briser l'impasse. Comme le conclut Westerlind : 'Nous savons tous que cela doit être fait... Ces investissements colossaux exigent une implication des États pour permettre aux gestionnaires de réseau d'agir.'