La 'taxe de représailles' dans le projet de dépenses de Trump : implications majeures pour les investisseurs
Le projet de dépenses plurillionnaires des républicains à la Chambre inclut une mesure surnommée 'taxe de représailles' par les analystes. Connue sous le nom de Section 899, cette disposition permettrait aux États-Unis d'augmenter les prélèvements de 5% par an (plafonnés à 20%) pour les pays appliquant des 'taxes étrangères injustes'. Elle élargirait également la taxe anti-érosion de base (BEAT) visant à empêcher l'évasion fiscale des multinationales. Alors que le Sénat examine ce projet, Wall Street manifeste son opposition à cette mesure méconnue. La Section 899 autoriserait un nouveau prélèvement pouvant atteindre 20% sur les investissements étrangers aux États-Unis, y compris les multinationales opérant sur le sol américain. Son libellé lui vaut le surnom de 'taxe de représailles'.
Selon le texte, cette taxe s'appliquerait aux entités étrangères dont le pays d'origine impose des 'taxes injustes' aux entreprises américaines. 'Les investisseurs de Wall Street sont choqués par la Section 899 qu'ils n'avaient visiblement pas anticipée', analyse James Lucier de Capital Alpha Partners. Ernst & Young souligne que cette disposition pourrait avoir des 'implications significatives' pour l'industrie de gestion d'actifs, notamment sur les revenus transfrontaliers des hedge funds et fonds private equity. Certains revenus passifs pourraient subir une retenue à la source allant jusqu'à 50%.
L'Investment Company Institute met en garde contre un possible déclin des investissements étrangers aux États-Unis. Toutefois, l'impact exact reste à évaluer alors que le Sénat examine le texte. La Section 899 prévoit une augmentation progressive des taxes pour les pays aux pratiques fiscales jugées déloyales, avec plusieurs catégories concernées : règles sur les profits sous-imposés, taxes sur les services numériques, taxes sur les profits détournés, et futures mesures similaires. Parallèlement, le BEAT serait élargi pour mieux lutter contre l'évasion fiscale des entreprises.
'Toutes les entreprises étrangères opérant aux États-Unis seraient concernées', explique Daniel Bunn de la Tax Foundation, qualifiant la mesure de 'très large'. Son analyse suggère que ces mesures de rétorsion toucheraient principalement les pays riches investissant aux États-Unis, avec des risques économiques potentiels. Notons que les obligations du Trésor américain et les intérêts de portefeuille en seraient exemptés.
La Section 899, priorité des républicains, nécessite encore l'approbation du Sénat. Portée initialement par le président de la commission des finances Jason Smith, elle s'oppose notamment à l'impôt minimum mondial. Selon des estimations, cette mesure pourrait rapporter 116 milliards sur 10 ans, finançant ainsi d'autres priorités du projet de Trump. Smith a cependant laissé entendre que l'objectif ultime était d'inciter les pays étrangers à modifier leurs politiques fiscales plutôt que de percevoir cette taxe.