La décision de Wise porte un coup dur au rêve fintech de la Bourse de Londres
Les espoirs d'un redressement des marchés londoniens porté par la fintech ont été anéantis jeudi après que l'entreprise de transfert d'argent Wise a abandonné sa cotation principale au Royaume-Uni. La Bourse de Londres, déjà en difficulté, subit ainsi un nouveau revers alors que cette fintech britannique opte pour une double cotation transatlantique, avec les États-Unis comme base principale. Le Trésor britannique et les responsables des marchés comptaient sur une série d'introductions en bourse de fintechs pour dynamiser le marché. La chancelière Rachel Reeves et la ministre de la City Emma Reynolds ont courtisé plusieurs grands noms pour promouvoir une cotation à Londres. Mais alors que des sociétés comme Monzo, Revolut et Zilch sont pressenties pour une introduction, la décision de Wise pourrait annoncer l'avenir du marché.\n\nLes espoirs fintech du Trésor s'amenuisent. Claire Trachet, PDG du cabinet de conseil en technologie Trachet, déclare : "Il y a eu un moment où la fintech devait être le joyau de la couronne du redressement des IPO londoniennes. Mais le départ de Wise montre clairement que l'étincelle espérée par le Trésor faiblit - et que les marchés britanniques ne répondent toujours pas aux besoins des entreprises à forte croissance." Wise a justifié son transfert par la volonté d'"améliorer considérablement [sa] visibilité" et de "se rapprocher des principales opportunités de croissance". La société s'était introduite à Londres en 2021 avec une valorisation de 8,75 milliards de livres. Malgré des rumeurs de passage au FTSE 100 cette année, son PDG Kristo Käärmann a souligné que les États-Unis offraient "la plus grande opportunité de marché au monde" et un "meilleur accès au marché des capitaux le plus profond et le plus liquide".\n\nCe n'est pas la première fois qu'un dirigeant de fintech porte un jugement sévère sur les marchés londoniens. Nik Storonsky, PDG de Revolut, avait estimé qu'une cotation à Londres était "irrationnelle" comparée aux avantages américains, critiquant notamment la taxe sur les transactions de 0,5%. Face à ces critiques, le Trésor britannique tente désespérément de changer l'image d'un Londres incapable de rivaliser avec New York, en mettant en avant la croissance et la dérégulation.\n\nLe récit sur les marchés de la City s'assombrit. Lee Holmes, PDG d'INFINOX, estime que la décision de Wise "renforce l'idée que les marchés publics britanniques et européens peinent à retenir leurs champions technologiques, sans même parler d'en attirer de nouveaux". L'exode croissant de la Bourse de Londres, avec des départs comme Darktrace ou Flutter, a terni le sentiment de marché, les récentes introductions n'ayant pas redonné espoir. L'exemple de CAB Payments, dont l'action a chuté de 70% après son IPO en 2023, illustre ces difficultés.\n\nAlors que Monzo prépare potentiellement une introduction de 6 milliards de livres, son PDG TS Anil a tempéré les attentes, affirmant qu'un IPO n'était "pas une priorité". L'incertitude persiste quant au choix du lieu de cotation de cette néobanque, tiraillée entre les États-Unis et Londres.\n\nLa fintech a besoin de raisons de rester. Lors du sommet mondial d'Innovate Finance en avril, Reeves avait promis de faire du Royaume-Uni le meilleur endroit pour "créer, développer et coter" une entreprise. Mais ces discours n'ont pas convaincu les entreprises. Pour Trachet, "Londres offre toujours certaines des meilleures conditions post-IPO au monde, mais les fondateurs font des arbitrages, et sans un signal fort du gouvernement, la Bourse de Londres deviendra un choix secondaire". Les mesures de dérégulation, comme la suppression du Payments System Regulator, pourraient ne pas suffire.\n\nLe Trésor publiera sa première Stratégie de croissance des services financiers le 15 juillet, un moment crucial attendu par l'industrie. Lors d'une réunion préparatoire, les licornes fintech avaient été invitées à proposer des idées pour améliorer la compétitivité britannique. Cette stratégie pourrait marquer un tournant décisif pour l'avenir de la Bourse de Londres et sa renaissance tant espérée.