L'Amérique en Perte de Crédibilité : Les Accords Éphémères de Trump
En déclenchant une guerre commerciale avec le reste du monde, Donald Trump a rejeté les outils conventionnels utilisés pour conclure des accords internationaux, semant un profond doute sur les engagements américains et le respect de l'État de droit. Ses nouveaux "accords" n'ont aucune valeur. CHICAGO – La guerre commerciale mondiale lancée par Trump le 2 avril entre dans une nouvelle phase : la négociation. Un nouveau mémorandum avec le Royaume-Uni énumère des "propositions initiales" pour un éventuel accord de libre-échange. La Maison Blanche a également annoncé une suspension de 90 jours des tarifs imposés à la Chine, mettant fin aux "représailles" chinoises. Selon l'administration, des négociations sont en cours avec des dizaines d'autres pays. Mais ces "accords" sont-ils crédibles ? Traditionnellement, les États-Unis s'engagent par des lois ou des traités ratifiés. Or, Trump a montré qu'il ne se sentait lié ni par les lois ni par les traités, et aucun acteur juridique américain ne peut l'y contraindre efficacement. Prenons les lois commerciales. Depuis le XVIIIe siècle, le Congrès délègue des pouvoirs commerciaux stricts à l'exécutif. Les présidents Washington, Adams et Jefferson avaient des mandats clairs pour imposer des embargos. Mais Trump a contourné ces limites, ignorant des lois clés comme le Trade Expansion Act de 1962, qui impose des enquêtes approfondies avant toute taxation. À la place, il a utilisé l'International Emergency Economic Powers Act de 1977, inadapté aux tarifs douaniers, pour justifier ses mesures. Comme l'ont souligné de nombreux experts, cette loi ne permet pas les tarifs du 2 avril. Si ces taxes étaient illégales dès le départ, comment les négociateurs américains peuvent-ils prétendre être liés par les lois fédérales ? Qu'en est-il des traités internationaux ? En 2018, Trump a forcé la renégociation de l'ALENA, aboutissant à l'USMCA ratifié en 2020. Pourtant, cette année, il a imposé des tarifs de 25% au Mexique et au Canada, violant cet accord. Il a même remis en cause le traité frontalier canado-américain de 1908, le qualifiant d'"artificiel". Cette instabilité soulève une question fondamentale : les engagements internationaux des États-Unis sont-ils encore contraignants ? En droit constitutionnel américain, un président peut se retirer d'un traité sans consulter le Congrès ou ses partenaires. L'exemple le plus marquant reste la décision de Jimmy Carter en 1978 de rompre le traité de défense mutuelle avec Taïwan. Une tentative du Sénat pour bloquer cette décision a échoué devant la Cour suprême. Sans contrepoids efficace, Trump jouit d'une liberté quasi totale. Le Congrès, dominé par des républicains craignant les primaires, ne s'oppose jamais à lui. Quant aux tribunaux, même s'ils jugent les tarifs illégaux, les procédures traînent en longueur, laissant Trump agir à sa guise. En conclusion, aucun pays ne devrait considérer les "accords" de Trump comme stables ou contraignants. Comme l'ont appris à leurs dépens ses partenaires commerciaux, il les considère comme malléables et n'hésitera pas à les rompre. Des dirigeants vulnérables, comme le Premier ministre britannique Keir Starmer, pourraient céder à l'espoir d'un répit temporaire. Mais toute illusion de sécurité sera vite balayée. Les outils mêmes utilisés par Trump pour sa guerre commerciale rendent toute paix durable impossible.