La France et la Belgique refusent d'appuyer l'interdiction du gaz russe par l'UE, restant parmi les principaux acheteurs
La France et la Belgique, les plus grands consommateurs de gaz naturel liquéfié (GNL) russe dans l'UE, ne soutiennent pas le plan de la Commission européenne visant à interdire complètement cette énergie d'ici 2027. Selon Politico, les deux pays demandent plus de clarté sur les impacts juridiques et économiques avant de prendre une décision. Le 6 mai, l'UE a dévoilé un plan en deux étapes pour mettre fin à toutes les importations de gaz russe d'ici 2027. Ce plan nécessite l'approbation d'une majorité qualifiée de 15 pays sur 27 pour être adopté.
La France préfère se concentrer sur la recherche de fournisseurs alternatifs. Le ministre de l'Énergie Marc Ferracci a déclaré à Politico que le pays remplace déjà le gaz russe par des importations en provenance du Qatar. La Belgique, quant à elle, demande une analyse économique détaillée. Le ministre belge de l'Énergie Mathieu Bihet a insisté sur la nécessité d'une 'évaluation approfondie des impacts' avant que l'UE ne présente sa proposition définitive.
L'Espagne et les Pays-Bas, respectivement troisième et quatrième plus grands acheteurs de GNL russe dans l'UE, ont exprimé leur volonté de soutenir une future législation mettant fin aux contrats avec la Russie. L'Espagne soutient une action commune de l'UE, mais reste liée par un contrat à long terme avec Novatek jusqu'en 2042. Les Pays-Bas ont un accord similaire avec TotalEnergies qui expire en 2032.
La France a signé un contrat pluriannuel avec le Qatar l'année dernière, mais reste prudente face à une interdiction totale à l'échelle de l'UE, en raison des préoccupations concernant l'exposition juridique des entreprises comme TotalEnergies, qui détient toujours 20% du projet Yamal en Sibérie. La Belgique s'est engagée à recevoir du GNL russe jusqu'en 2035 et attend la publication du paquet législatif de l'UE avant de prendre position.
En 2024, la France, la Belgique, l'Espagne et les Pays-Bas ont acheté 97% du GNL russe importé dans l'UE, représentant plus de 6 milliards d'euros et plus de la moitié des exportations mondiales de GNL de Moscou. La Hongrie et la Slovaquie devraient également s'opposer à l'interdiction, souhaitant continuer à importer de l'énergie russe à bas prix.
Un fonctionnaire de l'UE a confirmé à Politico que la Commission préparait une analyse d'impact. Les capitales européennes travaillent également sur une déclaration commune demandant plus de clarté économique et juridique. Bien que les importations de gaz russe en Europe aient chuté après l'invasion de l'Ukraine en 2022, elles représentent encore 19% des importations de l'UE en 2024, contre 45% avant 2022. Les États-Unis sont devenus le principal fournisseur de GNL de l'UE, représentant 45% du marché.