Kenya : Les chauffeurs de VTC trouvent de la dignité dans leur travail malgré les défis
Alors que de nombreux experts dénoncent l'exploitation dans le secteur des petits boulots numériques, les chauffeurs de plateformes comme Uber et Bolt au Kenya continuent d'affluer vers ce métier. Une étude menée par Julie Zollmann, chercheuse à la Fletcher School de l'Université Tufts, révèle que malgré des salaires inférieurs au minimum légal et des semaines de 58 heures, 78% des conducteurs interrogés à Nairobi en 2019 considéraient ce travail comme digne.
Les chauffeurs apprécient la formalisation apportée par les applications, contrastant avec les aléas du secteur informel. Les règles strictes (permis, assurances, notations) leur donnent un sentiment de professionnalisme. Comme l'explique un chauffeur de 38 ans : "Nous sommes respectés. La société nous fait confiance, contrairement aux taxis traditionnels".
Le système de mise en relation numérique garantit un flux régulier de clients, évitant la précarité du "hustle" informel. Les conducteurs servent aussi une clientèle aisée (hommes d'affaires, célébrités), accédant à des lieux habituellement inaccessibles. L'achat de véhicule, facilité par le crédit, devient un symbole de réussite sociale.
Cependant, la baisse des tarifs depuis 2018 a érodé certains avantages. Les négociations hors plateforme et le mépris de certains clients rappellent les travers du secteur informel. Cette étude souligne que la valeur de la digitalisation dépend fortement du contexte local et du respect des règles par les plateformes.