Un milliardaire de la crypto à SF veut donner des millions pour des drones policiers et la surveillance
Les commissaires de police de San Francisco examineront mercredi une offre de près de 9,4 millions de dollars d'un milliardaire de la crypto pour financer des efforts accrus de surveillance, ravivant les questions sur l'éthique de cette technologie controversée et des grands dons privés pour des programmes publics. Les fonds proviendraient de la société de cryptomonnaie Ripple et de la San Francisco Police Community Foundation, une organisation à but non lucratif créée par le cofondateur de Ripple, Chris Larsen, un ardent défenseur des nouvelles technologies pour la police locale. Si elle est approuvée, cette donation permettrait de fournir de nouveaux bureaux au centre-ville pour l'unité de surveillance du département de police, baptisée Real Time Investigations Center (RTIC), ainsi que le financement d'une douzaine de drones opérés par des agents pour compléter la flotte mise en service l'été dernier. Environ 2,13 millions de dollars de ce don prendraient la forme d'une sous-location gratuite des anciens bureaux de Ripple au 315 Montgomery Street. Actuellement, le RTIC opère depuis le Hall of Justice, mais selon la résolution soumise à la Commission de police, l'état délabré du bâtiment entrave l'utilisation des nouvelles technologies. Larsen a déclaré que l'infrastructure est si mauvaise que les policiers perdent la connexion avec leurs drones pendant les poursuites, ce qui les fait échouer. Le bail actuel de Ripple court jusqu'en décembre 2026, mais la société a déménagé dans des locaux plus grands sur Battery Street en 2022. Larsen y voit une opportunité d'aider la police jusqu'à l'expiration du bail. Les 7,25 millions restants serviraient à l'achat de nouveaux drones et à la modernisation technologique des locaux, financés par la San Francisco Community Police Foundation. La législation exempte également le département de police de l'obligation d'appel d'offres pour ces achats. Larsen a créé cette fondation l'an dernier pour soutenir la police, mais ne siège pas à son conseil d'administration. Les critiques estiment que ce don permet aux riches d'acheter des politiques publiques. Matthew Guariglia, de l'Electronic Frontier Foundation, dénonce une technologie imposée sans approbation démocratique. Larsen rétorque que le don doit passer quatre niveaux de contrôle : la fondation, la Commission de police, le Conseil des superviseurs et le maire Daniel Lurie, qui soutient le RTIC. Ce dernier a salué l'impact du RTIC, avec une baisse de 30% de la criminalité et plus de 500 arrestations. Les outils financés ont aussi été approuvés par les électeurs via la Proposition E en mars 2023, qui a élargi les pouvoirs de surveillance de la police. Larsen cite une baisse de 20% des cambriolages et le taux d'homicides le plus bas depuis les années 1960. Guariglia nuance en rappelant que la baisse des cambriolages est nationale, et met en garde contre l'impact disproportionné de la surveillance sur les quartiers pauvres. Larsen reconnaît ces craintes, mais estime que San Francisco a oscillé entre trop et trop peu de policage, et que cette technologie peut être utilisée de manière raisonnée.