France et Belgique réticentes face au plan de l'UE pour éliminer le GNL russe d'ici 2027
La France et la Belgique ne sont pas prêtes à accepter la dernière proposition de la Commission européenne visant à éliminer progressivement le gaz naturel liquéfié (GNL) russe, réclamant des garanties supplémentaires, selon un rapport de Politico publié le 3 juin. Ces deux pays, principaux importateurs européens de GNL russe, estiment avoir besoin d'assurances juridiques et économiques plus solides avant de s'engager dans ce plan. Les exportations énergétiques russes restent une source majeure de revenus pour financer la campagne militaire du Kremlin en Ukraine.
La proposition de la Commission, dévoilée le 6 mai, présente une feuille de route pour mettre fin à la dépendance du bloc vis-à-vis des combustibles fossiles russes - gaz, pétrole et nucléaire - d'ici 2027. Bien que l'UE ait réduit sa dépendance au gaz russe de 45% en 2021 à 19% début 2025, plusieurs États membres clés restent prudents quant à une rupture totale des liens gaziers.
Le ministre français de l'Énergie Marc Ferracci a déclaré à Politico que Paris soutient la diversification mais préfère prioriser la sécurisation d'approvisionnements de remplacement. La France s'approvisionne en GNL alternatif auprès du Qatar et d'autres fournisseurs, mais reste liée par des contrats à long terme avec des entreprises russes. "Le stock de contrats existants... doit être protégé juridiquement", a affirmé Ferracci.
TotalEnergies, qui détient 20% du projet Yamal LNG en Sibérie, a un contrat d'approvisionnement avec Novatek valable jusqu'en 2032. La Belgique, deuxième plus gros client européen de GNL russe, demande une "évaluation approfondie des impacts" avant de soutenir le plan. Le ministre belge Mathieu Bihet a souligné la nécessité d'évaluer les conséquences sur les terminaux GNL et infrastructures de stockage, conçues pour traiter des livraisons russes jusqu'en 2035.
Cette position prudente contraste avec celle de l'Espagne et des Pays-Bas, prêts à soutenir la stratégie de la Commission. Les autorités ukrainiennes et la société civile pressent régulièrement l'UE de couper ces financements vitaux pour la machine de guerre russe. La proposition s'inscrit dans un effort plus large pour renforcer la souveraineté énergétique européenne et l'architecture des sanctions. Ces divisions internes risquent de retarder la mise en œuvre.