'Mathématiques fantaisistes' : comment le projet de loi fiscal des Républicains masque son impact sur la dette américaine et ce que cela signifie pour votre portefeuille
Un projet de loi adopté par les Républicains à la Chambre des représentants et actuellement examiné au Sénat pourrait augmenter la dette américaine de plus de 3 000 milliards de dollars après prise en compte des intérêts et des effets économiques, selon des estimations. Le texte, surnommé 'One Big Beautiful Bill Act', est qualifié de 'bombe à retardement' par un élu républicain. Les économistes alertent sur les conséquences pour les finances des ménages : hausse des coûts d'emprunt et dépréciation des obligations.
Le paquet fiscal républicain, voté en mai, prévoit des réductions d'impôts de 4 000 milliards de dollars, principalement au bénéfice des plus aisés. Pour compenser, il réduit les programmes sociaux comme Medicaid. Le Comité pour un budget fédéral responsable estime que le texte ajouterait 3 100 milliards à la dette sur dix ans, la portant à 53 000 milliards. Le modèle Penn Wharton évalue même cette hausse à 3 800 milliards.
Le représentant Thomas Massie (Kentucky), un des deux républicains opposés au texte, dénonce des 'calculs fantaisistes' qui 'creusent dramatiquement les déficits à court terme'. Plusieurs sénateurs républicains expriment aussi des réserves, comme Rand Paul qui juge que 'les chiffres ne sont pas cohérents'.
Cette législation intervient alors que les paiements d'intérêts sur la dette ont dépassé le budget de la défense, devenant le deuxième poste de dépenses après la Sécurité sociale. La dette représente déjà un pourcentage record du PIB.
Mark Zandi, économiste en chef chez Moody's, explique qu'une dette plus élevée se traduirait par des taux d'intérêt plus forts pour les prêts immobiliers et automobiles. Philip Chao, planificateur financier, ajoute que les rendements des obligations du Trésor devraient augmenter pour compenser le risque accru, affectant directement les emprunteurs.
Les détenteurs d'obligations subiraient aussi des pertes, car la valeur de leurs titres baisserait avec la hausse des taux. Face à cette volatilité, certains experts recommandent désormais des obligations à court terme.
Tim Quinlan, économiste chez Wells Fargo, souligne que le coût du crédit a déjà doublé récemment. Bien que d'autres facteurs influencent les taux, 'les marchés financiers sont de plus en plus inquiets des niveaux d'endettement', note-t-il.
Sans action corrective, la dette atteindrait 138% du PIB d'ici 2034. Mais le projet républicain 'jetterait de l'huile sur le feu', estime Philip Chao, expliquant le mécontentement des marchés obligataires.