Titan, la lune glacée de Saturne, révèle des nuages tumultueux et des pluies de méthane inédites
Titan, la plus grande lune de Saturne, possède une atmosphère unique et un système météorologique étonnamment similaire à celui de la Terre, mais avec des pluies de méthane et d'éthane. Pour la première fois, des astronomes ont observé des nuages convectifs dans son hémisphère nord, alimentant les lacs et mers polaires. Ces découvertes, publiées le 14 mai 2025, combinent des données de la mission Cassini, du télescope spatial James Webb et de l'observatoire Keck II à Hawaï.
Titan est le seul satellite naturel du système solaire doté d'une atmosphère dense, de nuages et de précipitations. Bien que les températures y atteignent -180°C, son cycle du méthane ressemble étrangement au cycle hydrologique terrestre. Le méthane s'évapore, forme des nuages, puis retombe en pluie pour remplir les étendues liquides de la surface.
L'étude révèle que la convection nuageuse, déjà observée dans l'hémisphère sud, se produit également au nord où se concentrent la majorité des lacs. Les chercheurs ont détecté ces nuages ascendants lors d'observations en novembre 2022 et juillet 2023. Le méthane s'élève dans l'atmosphère avant de se condenser et de retomber en pluie, reconstituant ainsi les réservoirs de surface.
Une autre découverte majeure concerne la détection par Webb du radical méthyle (CH3), une molécule clé dans la chimie atmosphérique de Titan. Cette observation permet désormais de suivre en direct les réactions chimiques déclenchées par la lumière solaire et le champ magnétique de Saturne, qui décomposent le méthane en divers composés.
Cependant, ce méthane pourrait un jour disparaître. Lors de sa dissociation dans la haute atmosphère, une partie de l'hydrogène produit s'échappe dans l'espace. Selon Conor Nixon du Goddard Space Flight Center, le méthane de Titan serait progressivement consommé s'il n'était pas realimenté, peut-être par des réservoirs souterrains ou une cryovolcanisme actif.
La mission Dragonfly de la NASA, prévue pour 2028, pourrait apporter des réponses. Ce drone explorera Titan en 2034, étudiant de près sa surface et son atmosphère. Ces recherches pourraient éclairer l'évolution future de ce monde fascinant, où les prévisions météo annoncent toujours : "nuageux avec averses de méthane".
Ces travaux, publiés dans Nature Astronomy, marquent une étape cruciale dans la compréhension des processus dynamiques à l'œuvre sur Titan. Ils confirment que malgré ses différences radicales avec la Terre, cette lune offre un laboratoire naturel unique pour étudier les cycles climatiques et chimiques complexes.