Votre personnalité influence-t-elle votre sommeil ? Le lien surprenant entre traits de caractère et insomnie
Une étude brésilienne révèle que certains traits de personnalité influencent significativement le risque de développer des troubles du sommeil. Les personnes présentant un niveau élevé de névrosisme - lié à l'instabilité émotionnelle - sont plus susceptibles de souffrir d'insomnie, tandis que celles plus ouvertes aux expériences semblent protégées. L'anxiété joue un rôle clé dans cette relation.
L'étude menée à la Faculté de Médecine de l'Université de São Paulo (USP) montre que 61,7% des insomniaques présentent un névrosisme élevé contre seulement 32% chez les bons dormeurs. À l'inverse, l'ouverture d'esprit apparaît comme un facteur protecteur, avec seulement 23% des bons dormeurs présentant un faible score dans ce trait.
Bárbara Araújo Conway, psychologue du sommeil et auteure principale de l'étude publiée dans le Journal of Sleep Research, explique : "Nous avons étudié l'influence des traits de personnalité car l'insomnie est un trouble extrêmement courant avec des conséquences graves sur la santé, augmentant les risques d'hypertension, de diabète et de troubles mentaux".
L'insomnie touche environ 30% de la population mondiale, avec des pics à 45% à São Paulo selon l'étude EPISONO. Les chercheurs se sont appuyés sur la théorie des "3 P" (prédisposition, précipitation, perpétuation) pour analyser comment le névrosisme pouvait prédisposer aux troubles du sommeil.
L'étude a évalué 595 participants âgés de 18 à 59 ans, répartis en deux groupes : des insomniaques diagnostiqués et des bons dormeurs. Leurs traits de personnalité ont été mesurés selon le modèle des "Big Five" : extraversion, névrosisme, amabilité, ouverture et conscience.
Les résultats montrent que les insomniaques ont des scores significativement plus élevés en névrosisme (61,7% vs 32%) et plus faibles en ouverture (40,7% vs 23%), amabilité (31,5% vs 23,2%) et conscience (37,7% vs 24,1%). L'extraversion est le seul trait sans différence notable.
L'analyse statistique révèle que l'anxiété joue un rôle médiateur clé dans la relation entre névrosisme et insomnie, expliquant l'intégralité de cet effet. Contrairement aux attentes, la dépression ne s'est pas avérée significative dans ce mécanisme.
Pour les cliniciens, ces résultats impliquent d'adopter une approche plus globale. "Il est essentiel d'évaluer et traiter l'anxiété chez les patients insomniaques présentant un haut névrosisme", souligne le Pr El Rafihi-Ferreira, superviseur de l'étude.
Bien que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) reste le traitement de référence, les chercheurs plaident pour des protocoles plus personnalisés intégrant une approche transdiagnostique. "Comme il n'existe pas de médicament universel, une approche thérapeutique unique ne peut convenir à tous", conclut Conway.
Cette recherche ouvre la voie à de nouveaux protocoles intégrant la dimension personnalité dans le traitement des troubles du sommeil. Des études longitudinales restent nécessaires pour confirmer ces résultats prometteurs.