Malaisie : Pourquoi les femmes succombent-elles à l'extrémisme ?
La Malaisie, pays d'Asie du Sud-Est de 35 millions d'habitants, fait de l'autonomisation des femmes une priorité absolue selon un récent rapport d'ONU Femmes. Pourtant, un nombre significatif de Malaisiennes sont attirées par ce que la plupart qualifieraient d'extrémisme islamiste.
À l'échelle mondiale, les femmes jouent des rôles de recruteuses, de financières et d'influenceuses pour les groupes islamistes radicaux. En Malaisie, les réseaux terroristes recrutent activement des femmes, certaines exprimant même le désir de mourir en martyres pour expier leurs péchés passés.
L'influence des membres masculins de la famille, souvent militants, pousse certaines femmes à correspondre avec des membres de Daech via Facebook, à accepter des mariages arrangés et à partir pour la Syrie. En 2023, une étude révélait que l'EIIS aurait attiré des femmes et des enfants malaisiens, formant même des branches malayophones comme les Katibah Nusantara et Katibah Masyaariq.
Les arrestations de femmes pour soutien ou implication dans l'État islamique se multiplient. En 2018, une femme au foyer de 51 ans fut arrêtée pour avoir planifié un attentat terroriste, marquant le premier cas du genre en Malaisie. Elle recrutait via les réseaux sociaux sous le couvert d'un groupe social innocent.
Les femmes malaisiennes jouent également un rôle clé dans l'expansion des réseaux terroristes comme la Jemaah Islamiyah, notamment par des mariages arrangés au sein de l'organisation. Une Malaisienne a ainsi épousé un membre du JI impliqué dans les attentats de Bali de 2002.
Les études montrent une certaine sympathie de la population malaisienne envers l'EIIS. En 2015, 11% des musulmans malaisiens avaient une opinion favorable de l'EIIS, contre seulement 4% en Indonésie. Une enquête de 2013 révélait que 27% des musulmans malaisiens estimaient que les attaques contre des civils étaient parfois justifiées.
Face à cette radicalisation croissante, les mesures de prévention restent insuffisantes. Un rapport de 2022 souligne que l'impact des interventions sur les femmes est souvent négligé. Il recommande d'intégrer une perspective de genre dans la prévention de l'extrémisme violent.
La Malaisie a révisé son plan d'action contre l'extrémisme violent en 2022, adoptant une approche plus globale. Cependant, l'efficacité de ces mesures concernant spécifiquement le rôle des femmes reste incertaine. Une véritable autonomisation des femmes passera peut-être par leur inclusion équitable dans les programmes de déradicalisation.