Écoles catholiques sous pression : un rapport sur les abus en France relance le débat sur le contrôle étatique
Un rapport parlementaire français publié le 2 juillet 2025 a mis en lumière des cas troublants d'abus dans les écoles, ravivant un débat national sur l'équilibre entre contrôle étatique et liberté éducative. Fruit d'une enquête de cinq mois sur les violences en milieu scolaire, le document propose des mesures pour mieux protéger les mineurs. Cependant, son accent marqué sur les établissements privés catholiques sous contrat avec l'État suscite des craintes de partialité politique et d'atteinte au pluralisme éducatif.
L'enquête, menée par les députés Violette Spillebout (Renaissance) et Paul Vannier (LFI), cible particulièrement les internats catholiques sous contrat. Le cas de l'école Notre-Dame de Bétharram, théâtre d'abus physiques et sexuels entre 1957 et 2004, y est présenté comme exemple-type des dysfonctionnements institutionnels.
Le rapport dénonce plus largement les violences persistantes dans tous les établissements scolaires, pointant 270 écoles concernées et 80 collectifs de victimes à travers le pays. Il souligne l'absence de données nationales fiables : alors qu'une étude estime à 7 000 les cas annuels de violences sexuelles, seuls 280 ont été officiellement enregistrés en 2023-2024.
Parmi les propositions phares : allongement des délais de prescription, renforcement de la protection des lanceurs d'alerte, création d'un organe indépendant de signalement ('Signal Éduc') et d'un fonds d'indemnisation national. Le texte préconise aussi de lever le secret professionnel pour les abus sur mineurs de moins de 15 ans, y compris en confession - mesure qui inquiète l'Église.
Philippe Delorme, secrétaire général de l'enseignement catholique (SGEC), a répondu avec prudence, soulignant les actions déjà engagées comme la vérification systématique des antécédents pénaux des 80 000 membres du personnel non-enseignant. Le SGEC a également lancé en mai la campagne 'Stop Violences' pour renforcer la prévention.
Des voix critiques, comme la journaliste Caroline Beyer, dénoncent une instrumentalisation politique du rapport, soulignant que les problèmes concernent l'ensemble du système éducatif. L'ancien ministre Patrick Hetzel accuse quant à lui Paul Vannier de vouloir 'relancer la guerre scolaire' contre l'enseignement privé.
Ce rapport s'inscrit dans un contexte de renforcement du contrôle étatique sur l'éducation, après la tentative de restriction de l'instruction à domicile en 2021. Il coïncide aussi avec l'enquête en cours sur le prestigieux collège Stanislas, soupçonné de dérives homophobes et sexistes.