Athènes, la ville la plus chaude d'Europe, se bat pour rester fraîche face à l'afflux touristique estival
Athènes, capitale la plus chaude d'Europe continentale, affronte des étés de plus en plus torrides tout en accueillant un nombre record de touristes. Ces dernières années, les vagues de chaleur extrême ont contraint les autorités à fermer régulièrement l'Acropole, site le plus visité de Grèce, pendant les heures les plus chaudes. Avec des températures dépassant 40°C et peu d'ombre disponible, la visite de ce joyau historique devient un véritable défi. La situation illustre le dilemme auquel fait face la Grèce : dépendante du tourisme pour son économie, elle doit désormais composer avec les impacts du changement climatique. Le maire d'Athènes, Haris Doukas, a fait de l'adaptation à ces nouvelles conditions une priorité absolue, qualifiant cette démarche de "question de survie".
À court terme, la municipalité a mis en place des mesures immédiates comme des systèmes d'alerte précoce, des centres de rafraîchissement climatisés et des fontaines. Des services d'urgence sont déployés autour de l'Acropole pour venir en aide aux visiteurs en difficulté. Iris Plaitakis, guide touristique, constate que "les touristes sous-estiment souvent la chaleur, surtout ceux venant de climats plus froids". Selon l'Agence européenne pour l'environnement, les vagues de chaleur sont responsables de plus de 80% des décès liés aux conditions météorologiques en Europe.
À plus long terme, Athènes doit repenser son urbanisme pour lutter contre l'effet d'îlot de chaleur. La ville, l'une des moins vertes d'Europe, a planté 7 000 arbres en un an et prévoit d'atteindre 28 000 d'ici quatre ans. Des projets ambitieux comme la création de micro-forêts et la revitalisation d'un aqueduc romain du IIe siècle visent à créer des microclimats locaux. Le réaménagement de l'ancien aéroport d'Ellinikon en un immense parc métropolitain côtier symbolise cette transformation.
Le tourisme, vital pour l'économie grecque depuis la crise financière des années 2010, pose cependant des défis croissants. L'afflux de visiteurs exerce une pression sur les ressources en eau et contribue à la flambée des prix immobiliers. Un article d'opinion largement discuté dans la presse grecque a récemment questionné cette dépendance au tourisme de masse, évoquant le risque de "léguer aux générations futures une Grèce sans été".
Face aux incendies destructeurs et aux réservoirs d'eau en baisse, les Athéniens s'adaptent tant bien que mal. La municipalité encourage désormais les visites hors saison estivale, mettant en avant les températures plus clémentes du printemps et de l'automne. Les visiteurs apprennent à adopter les habitudes locales, comme les longues pauses-café glacé aux heures chaudes. Le soir venu, lorsque la température baisse, la ville revit grâce à sa culture vibrante de cinémas en plein air et de vie nocturne animée - une adaptation méditerranéenne ancestrale à la chaleur estivale, plus nécessaire que jamais à l'ère du réchauffement climatique.