Le projet de budget de la Chambre échoue aux tests clés de la réforme fiscale
Le projet de budget récemment adopté par la Chambre des représentants, qui prolonge toutes les dispositions expirantes de la loi de 2017 sur les réductions d'impôts et l'emploi tout en ajoutant des dizaines de milliards de dollars de nouvelles réductions d'impôts, ne peut en aucun cas être qualifié de réforme fiscale. Une véritable réforme fiscale nécessite un équilibre minutieux entre efficacité, équité et simplicité, tout en évitant d'alourdir la dette fédérale déjà massive. Ce projet échoue sur tous ces critères.
Par exemple, élargir l'assiette fiscale en supprimant les niches fiscales est une marque de bonne politique. Bien que la loi de 2017 ait simplifié le code fiscal en doublant la déduction forfaitaire et en supprimant certaines déductions détaillées, le nouveau projet fait l'inverse. Il prolonge de nombreuses niches fiscales existantes et en ajoute de nouvelles, tout en imposant des pénalités fiscales aux universités, aux immigrants et aux acheteurs à faible revenu d'assurance maladie.
Le projet viole également le principe d'équité. Il concentre la plupart des réductions d'impôts sur les ménages et les entreprises à revenu élevé, rendant le système fiscal plus régressif. Une analyse du Tax Policy Center montre que les principaux bénéficiaires en 2026 seraient les ménages gagnant entre 460 000 et 1,1 million de dollars. Par exemple, il porte l'exonération de l'impôt sur les successions à 30 millions de dollars pour un couple, ce qui profiterait à quelques centaines d'héritiers très riches pour un coût de plus de 200 milliards de dollars sur 10 ans.
De plus, le projet introduit une complexité inutile. Des dispositions comme les pourboires et les heures supplémentaires non imposables nécessiteront des pages de nouvelles réglementations pour éviter les abus. Les contribuables devront souvent suivre des procédures compliquées pour découvrir qu'ils ne sont pas éligibles aux avantages fiscaux. Les nombreuses entrées en vigueur progressives et les suppressions graduelles rendront également les décisions économiques plus compliquées et incertaines.
Enfin, le projet réduit l'efficacité du système fiscal en supprimant ou en réduisant progressivement de nombreuses subventions de la loi de 2022 sur la réduction de l'inflation, qui visaient à stimuler les investissements dans les énergies vertes. Bien que ces subventions aient été mal conçues, le projet les remplace souvent par des avantages fiscaux pour des priorités républicaines, comme des réductions d'impôts pour les banques sur les prêts agricoles ou pour les multinationales opérant dans les îles Vierges.
Au total, ce projet ajouterait des milliers de milliards de dollars à la dette fédérale, déjà proche de 29 000 milliards de dollars. Selon le Comité mixte du Congrès sur la fiscalité, il réduirait les recettes de 3 800 milliards de dollars sur 10 ans, un chiffre qui pourrait atteindre 5 500 milliards si les réductions d'impôts étaient permanentes. Il est temps que les législateurs retrouvent la volonté politique nécessaire pour une véritable réforme fiscale, comme celle proposée il y a une décennie par Dave Camp, alors président du comité des voies et moyens.