Pourquoi l'Europe se tourne à nouveau vers le nucléaire, une source d'énergie controversée
L'intérêt renouvelé de l'Europe pour le nucléaire montre comment certains pays diversifient leurs options pour plus d'indépendance énergétique. Le Danemark, par exemple, a récemment annoncé son intention de reconsidérer une interdiction vieille de 40 ans sur l'énergie nucléaire dans le cadre d'un changement majeur de politique. 'Le solaire et l'éolien restent les moyens les moins chers et les plus rapides pour mener la transition verte, et cela reste notre priorité', a déclaré Lars Aagaard, ministre danois du climat, de l'énergie et des services publics, à CNBC. Une tendance européenne vers le nucléaire semble prendre de l'ampleur alors que les pays cherchent à sécuriser leur indépendance énergétique. Ces dernières semaines, l'Espagne a signalé une ouverture à réviser la fermeture de ses centrales nucléaires, et l'Allemagne a abandonné son opposition de longue date à l'énergie atomique. Ce regain d'intérêt s'explique en partie par les coûts associés aux énergies renouvelables, notamment les technologies solaires et éoliennes. 'Nous devons comprendre si les nouvelles technologies nucléaires peuvent jouer un rôle complémentaire', a ajouté Aagaard. Le Danemark, qui a interdit l'énergie atomique en 1985, envisage d'analyser les avantages potentiels des petits réacteurs modulaires, sans pour autant revenir aux centrales traditionnelles. Georg Zachmann, expert chez Bruegel, souligne que le nucléaire reste la technologie la plus controversée en Europe, malgré la baisse des coûts du solaire et de l'éolien. Les 'coûts cachés' de l'équilibrage et du transport de l'électricité renouvelable augmentent avec la part croissante de ces énergies. En Espagne, le ministre de la Transition écologique n'exclut pas une prolongation des centrales nucléaires au-delà de 2035, malgré des plans initiaux de fermeture. L'Allemagne, quant à elle, a récemment abandonné son opposition au nucléaire, marquant un rapprochement avec la France. Les défenseurs du nucléaire soulignent son potentiel pour réduire les émissions et la dépendance aux combustibles fossiles, tandis que les groupes écologistes le considèrent comme une distraction coûteuse. Zachmann note que les centrales nucléaires amorties peuvent continuer à fonctionner, et que les espoirs placés dans les petits réacteurs modulaires captivent l'industrie et les décideurs. Cependant, les nouvelles centrales nucléaires resteront difficiles à financer et ne seront rentables que dans plusieurs décennies. En attendant, le débat entre nucléaire et renouvelables profite surtout au gaz naturel, qui continue d'être utilisé en l'absence d'investissements massifs dans l'électricité propre. Les données d'Ember montrent que l'UE a accéléré sa transition vers les renouvelables au premier semestre 2023, avec un record de 30% de production éolienne et solaire, dépassant pour la première fois les combustibles fossiles. La production nucléaire a également augmenté de 3,1%.