Quelques marques d'appareils photo pourraient ne pas survivre : Analyse d'une guerre industrielle silencieuse
L'industrie photographique vit une époque charnière où la collaboration entre géants pourrait céder la place à une guerre ouverte. Un an avant de fonder The Phoblographer, j'ai interrogé un dirigeant japonais sur la simultanéité des innovations entre Sony et ses concurrents. Son sourire énigmatique en disait long : les fabricants partagent technologies, brevets et composants depuis des années. Si cette entrave venait à disparaître, qui survivrait ?
Canon se positionne comme un favori grâce à son autonomie quasi-totale. Capteurs, moteurs, objectifs – tout est produit en interne. Leur portefeuille de brevets, parmi les plus riches au monde, consolide leur position. Même dans l'hypothèse d'un conflit, leurs usines assureraient la continuité.
Nikon cultive le mystère avec un modèle hybride intriguant. Leur recours aux capteurs Sony et TowerJazz, combiné aux objectifs sous licence Tamron, contraste avec l'acquisition récente de RED. Cette société maîtrisait une technologie de capteurs supérieure à Sony il y a dix ans. Un atout qui pourrait redistribuer les cartes.
Sony incarne la résilience ultime. Leur division image, véritable poumon financier, fournit aussi des capteurs pour smartphones. Même privés de clients externes, ils conserveraient Tamron (dont ils détiennent une partie) et leur savoir-faire en production interne. Leur survie ne fait aucun doute.
Panasonic possède les ressources pour racheter des concurrents, mais dépend de Leica pour les montures. Leur alliance L-Mount les lie structurellement. Le capteur du S1R, potentiellement développé en interne, ouvre une voie prometteuse vers l'indépendance.
Leica jouit d'une position unique. Leur héritage argentique et leur maîtrise historique des optiques leur offriraient un filet de sécurité. Seul point faible : la dépendance aux capteurs externes pour le numérique.
Fujifilm pourrait s'appuyer sur le succès mondial d'Instax, son véritable moteur économique. Quant à Pentax/Ricoh et OM System, leur salut pourrait venir d'un retour aux sources : l'argentique pour les premiers, l'innovation optique exclusive pour le second.