Crise obligataire imminente : de nombreux investisseurs sous-estiment l'ampleur du danger
Le marché obligataire mondial traverse une période de turbulences croissantes, avec des rendements à long terme en hausse dans les principales économies et des gouvernements aux prises avec des dettes croissantes. Pourtant, de nombreux investisseurs semblent ignorer l'ampleur de cette crise naissante, qui pourrait déclencher une nouvelle phase d'instabilité financière.
Au Japon, le rendement des obligations d'État à 30 ans a atteint un niveau record de 3,14 % la semaine dernière, suite à une faible demande lors d'une adjudication. Cette tendance reflète les inquiétudes des investisseurs quant à la stabilité fiscale du pays. La Banque du Japon (BOJ) se retrouve dans une impasse : augmenter les taux pour soutenir le yen risquerait d'alourdir le fardeau de la dette, tandis que maintenir des taux bas pourrait déstabiliser le marché obligataire.
La situation au Japon pourrait avoir des répercussions mondiales, notamment sur le marché des Treasuries américains, dont le Japon est le premier détenteur étranger avec 1 130 milliards de dollars. Les institutions japonaises ont déjà vendu pour 119,3 milliards de dollars de Treasuries en un seul trimestre, ce qui pourrait signaler une volonté de financer des obligations domestiques ou de défendre le yen.
Aux États-Unis, les adjudications de Treasuries montrent également des signes de tension. Une récente émission de 16 milliards de dollars d'obligations à 20 ans a rencontré une demande plus faible que prévu, poussant les rendements à la hausse. La dégradation de la note de la dette américaine par Moody's a encore accru les craintes des investisseurs.
Malgré ces pressions, les gouvernements continuent de résister aux réductions de dépenses. Les États-Unis affichent un déficit équivalant à 6,4 % du PIB en 2024, bien supérieur à celui d'autres grandes économies comme la France (5,8 %) ou l'Allemagne (2,8 %). Seules quelques rares nations, comme la Norvège, parviennent à maintenir des excédents budgétaires.
Les investisseurs doivent désormais repenser leurs stratégies obligataires face à cette crise grandissante. La hausse des rendements à long terme menace les portefeuilles traditionnels, tandis que l'inflation pourrait être utilisée comme outil de remboursement de la dette. Une diversification vers des actifs réels et des produits structurés pourrait s'avérer nécessaire pour protéger son capital dans ce contexte incertain.