Réforme du programme de remise de dette publique : une menace existentielle pour les jeunes médecins
Les propositions de réforme du programme de remise de dette pour service public (PSLF) risquent de compromettre l'avenir des jeunes médecins, particulièrement ceux se destinant aux spécialités les moins rémunérées comme la médecine familiale, la pédiatrie ou les maladies infectieuses.
Kaley Parchinski, nouvelle diplômée en médecine qui entamera son internat en juillet 2025, alerte sur les conséquences dramatiques du projet de loi déposé par le Comité de l'éducation et de la main-d'œuvre de la Chambre des représentants. Ce texte remet en cause deux piliers essentiels pour les étudiants en médecine : la comptabilisation des années d'internat dans le PSLF et les prêts Grad PLUS.
Actuellement, le PSLF permet l'annulation de la dette après 10 ans de remboursements mensuels tout en travaillant pour un employeur éligible (secteur public ou à but non lucratif). Les médecins commencent à rembourser immédiatement après leurs études, alors que leur salaire moyen pendant l'internat ne dépasse pas 67 284$ annuels. La réforme imposerait 3 à 7 années supplémentaires de service public après l'internat pour prétendre au programme.
Pour les étudiants s'endettant à partir de 2025, les années de résidence ne compteraient plus. Pire : la suppression des prêts Grad PLUS, principale source de financement des études médicales, rendrait la formation inaccessible à beaucoup. Avec un endettement moyen de 202 453$, ces mesures risquent de dissuader les vocations pour les spécialités déjà en tension.
Le cas de Parchinski est éloquent. Aspirant à devenir spécialiste des maladies infectieuses - une spécialité peu attractive avec un salaire moyen de 185 905$ après 13 ans d'études -, elle compte sur le PSLF pour rendre ce choix viable. Sans ce filet de sécurité, de nombreux étudiants pourraient renoncer aux spécialités les moins rémunératrices et aux zones rurales sous-dotées.
La suppression des prêts Grad PLUS aggraverait la crise. À l'École de médecine de Géorgie (la moins chère de l'État), ces prêts sont vitaux pour couvrir les frais de scolarité. Leur disparition fermerait les portes des facultés à de futurs talents.
Si Parchinski échappe à certaines mesures grâce à la clause de grand-père, elle craint d'autres réformes, comme le changement de statut fiscal des hôpitaux non lucratifs, qui priverait aussi les soignants du PSLF. Une perspective qui inquiète toute la profession, des infirmiers aux techniciens de laboratoire.
Cette réforme, première exclusion ciblée depuis la création du PSLF en 2007, apparaît comme une attaque injuste contre les soignants. Alors que les pénuries de médecins s'aggravent, particulièrement en soins primaires, le Congrès joue avec la survie financière de ceux qui consacrent leur vie au service public. Le message est clair : servir son pays ne mérite plus d'allègement de dette.
Parchinski conclut avec amertume : 'Je veux soigner mes patients. Je veux même rembourser mes prêts. Mais aujourd'hui, ma capacité à faire l'un ou l'autre est en réanimation.' Un cri d'alarme qui devrait résonner dans tout le système de santé américain.