Exode des cerveaux : Face aux coupes budgétaires américaines, les universités étrangères se disputent les scientifiques délaissés
Alors que l'administration Trump réduit drastiquement le financement fédéral de la recherche scientifique, des milliers de chercheurs américains se retrouvent sans emploi ou sans subventions. Cette situation aiguise l'appétit des universités et gouvernements étrangers, qui y voient une occasion unique de recruter des talents de haut niveau.
En avril 2025, le Canada a lancé le programme «Canada Leads» pour attirer de jeunes chercheurs biomédicaux. La France, via l'université Aix-Marseille, propose depuis mars un «Safe Place for Science» promettant liberté académique et conditions de travail stables. L'Australie n'est pas en reste avec son «Global Talent Attraction Program» offrant salaires compétitifs et packages de relocalisation.
«C'est une opportunité sans précédent d'attirer les esprits les plus brillants», déclare Anna-Maria Arabia, responsable de l'Académie australienne des sciences. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis dominaient la recherche mondiale grâce à des investissements massifs. Mais les récentes coupes budgétaires - jusqu'à 55% pour la National Science Foundation - ébranlent ce leadership.
Les universités américaines annoncent déjà des gels d'embauche et des licenciements. À l'étranger, on observe un intérêt croissant: le programme français «Safe Place for Science» a reçu 139 candidatures américaines sur 300. En Allemagne, le programme Lise Meitner pour jeunes chercheuses a vu tripler les demandes en provenance des États-Unis.
Pourtant, quitter son pays reste un défi. Brandon Coventry, chercheur en implants neuronaux à l'Université du Wisconsin, hésite: «Je n'ai jamais voulu quitter les États-Unis, mais la situation devient sérieuse». Marianna Zhang, dont la subvention a été annulée, souligne la difficulté de «juste fuir vers un autre pays».
Si certains se réjouissent de cette opportunité de recrutement, la communauté scientifique mondiale s'inquiète. Patrick Cramer, de la Société Max Planck, rappelle que «la science est une entreprise globale». Les coupes américaines pourraient créer un vide préjudiciable à tous, mettant en péril des collaborations internationales essentielles.