L'Inde émerge d'un conflit mais affronte des vents contraires dans le commerce et les investissements
L'Inde sort progressivement d'un bref conflit avec le Pakistan, un cessez-le-feu semblant tenir pour l'instant. Cette situation apaisée soulage la communauté économique et le grand public, dont beaucoup sont trop jeunes pour se souvenir des impacts économiques négatifs des conflits précédents. Alors que la situation se normalise aux frontières, les décideurs politiques indiens se recentrent sur les priorités économiques interrompues par ce conflit.
Parmi ces priorités figurent l'accélération de la croissance économique (au-delà des 6% actuels), la finalisation d'un accord de libre-échange avec les États-Unis, et l'attraction d'investissements étrangers massifs en provenance de Chine - avec Apple comme cible prioritaire. Cependant, l'Inde risque de rencontrer d'importants obstacles sur chacun de ces fronts.
Richard Rossow, conseiller principal au CSIS, souligne que le moment est toujours propice pour des réformes majeures. Il note que si l'Inde maintient une croissance relativement élevée, les investisseurs ont désormais « plusieurs options » pour réorganiser les chaînes d'approvisionnement mondiales. Il critique également le manque de réformes significatives lors du troisième mandat du gouvernement Modi comparé aux deux premiers.
Les récentes actions gouvernementales se concentrent sur deux axes principaux : la finalisation rapide d'accords de libre-échange (notamment avec le Royaume-Uni et potentiellement les États-Unis et l'UE) et l'encouragement des investissements manufacturiers, illustré par les déclarations positives du PDG d'Apple Tim Cook sur la production d'iPhone en Inde.
Toutefois, cette ouverture commerciale accélérée pourrait avoir des impacts sociaux sous-estimés, notamment sur l'agriculture et les secteurs protégés. Les récentes réformes agricoles controversées et les réductions tarifaires sectorielles ont déjà provoqué des tensions sociales.
Le plan « Make in India » repose en partie sur l'expansion significative de la production d'Apple dans le pays. Cependant, les récentes menaces de Donald Trump d'imposer des droits de douane sur les smartphones importés illustrent les risques politiques pour les entreprises américaines externalisant leur production.
L'Inde a besoin de nombreuses usines similaires à celles d'Apple pour augmenter la part du secteur manufacturier dans son PIB (actuellement à 16% contre 26% pour la Chine) et créer des emplois de qualité pour sa jeunesse. Un ralentissement de ces investissements serait un revers majeur.
Heureusement, le vaste marché intérieur indien peut compenser partiellement les difficultés commerciales. Mais pour atteindre ses ambitions de croissance, le gouvernement devra mettre en œuvre des réformes structurelles pour rendre l'économie plus productive, compétitive et inclusive. Le message clé pour les décideurs indiens est de se concentrer moins sur les bruits (comme les tarifs Trump) et plus sur les signaux fondamentaux (comme la nécessité de réformes).