L'Association de la presse du Pentagone dénonce les restrictions d'accès du secrétaire à la Défense Hegseth comme 'une attaque directe'
Les journalistes couvrant l'armée américaine expriment une vive inquiétude face aux restrictions d'accès imposées par le secrétaire à la Défense Pete Hegseth au Pentagone. Ces nouvelles mesures, annoncées vendredi soir, sont perçues comme "une attaque directe contre la liberté de la presse et le droit des Américains à connaître les activités de leur armée". L'Association de la presse du Pentagone a réagi vivement après l'annonce par Hegseth de "procédures supplémentaires d'accréditation pour la presse au Pentagone, dans l'intérêt de la sécurité nationale". Ces changements rendent inaccessibles aux journalistes des zones clés du Pentagone sans escorte officielle. Un mémo du Pentagone laisse entendre que d'autres restrictions sont à venir dans les prochaines semaines, notamment un engagement renforcé à protéger les secrets militaires et un examen plus strict des accréditations de presse.
Cette annonce s'inscrit dans une série de mesures visant à museler les médias indépendants depuis janvier. Hegseth, ancien animateur de Fox News, a donné le ton en attaquant son ancienne collègue Jennifer Griffin (correspondante sécurité nationale de Fox) et d'autres journalistes. Peu après sa prise de fonction, plusieurs grands médias ont été expulsés de leurs espaces de travail dédiés au Pentagone, remplacés par des médias plus petits et pro-Trump dans le cadre d'un "programme de rotation des médias". Quelques semaines plus tard, le Pentagone a annoncé la fermeture de la salle de presse "lorsqu'elle n'est pas utilisée pour des briefings publics". Sean Parnell, porte-parole principal du Pentagone et proche de Hegseth, n'a tenu qu'un seul briefing à ce jour.
Vendredi, Parnell a défendu sur X ces restrictions comme des "changements pragmatiques pour protéger la sécurité opérationnelle". Le mémo justifie ces mesures par la nécessité de "protéger les renseignements classifiés et les informations sensibles, dont la divulgation non autorisée pourrait mettre en danger la vie des militaires américains". Pourtant, Hegseth lui-même a été accusé en mars d'avoir mal géré des informations sensibles en envoyant des plans détaillés d'une opération militaire au Yémen à un groupe Signal incluant Jeffrey Goldberg, rédacteur en chef de The Atlantic.
Les nouvelles restrictions compliqueront l'accès des journalistes à Hegseth et supprimeront "la liberté des médias d'accéder librement aux attachés de presse des services militaires", selon l'Association de la presse du Pentagone. Cette association, représentant des dizaines de journalistes couvrant régulièrement l'armée, a déclaré avoir tenté en vain d'établir un dialogue avec Hegseth pour préserver "une relation professionnelle qui persiste depuis des décennies". Elle s'est dite "déconcertée" par cette volonté de restreindre l'accès des médias plutôt que de dialoguer avec eux comme le faisaient les précédents responsables.
Les déclarations publiques de Hegseth révèlent sa perception des médias comme une opposition. Il a dénoncé ce qu'il appelle la "presse mensongère" et s'est promu en apparaissant sur des émissions d'opinion de Fox animées par ses amis. Il a également recruté des créateurs de contenus d'extrême-droite pour renforcer la communication du Département de la Défense sur les réseaux sociaux. Graham Allen, un podcasteur ayant travaillé avec Hegseth, a balayé les critiques d'un journaliste de CBS en lui disant "de pleurer plus fort".
Mike Balsamo, président du National Press Club, a rappelé que la couverture indépendante de l'armée sert l'intérêt général : "Elle informe les électeurs, renforce le contrôle démocratique et envoie un message clair au monde sur l'engagement de l'Amérique en faveur de la transparence et de la responsabilité. Restreindre l'accès ne protège pas la sécurité nationale, cela sape la confiance du public."