Pour Gagner une Guerre Commerciale, il Faut des Alliés : Comment Trump a Fait de la Chine le Grand Vainqueur
Le président américain Donald Trump a dû reculer face à ses propres mesures tarifaires, sous la pression des marchés financiers et des entreprises dépendantes des importations. Pourtant, une stratégie collective contre la Chine aurait pu être bien plus efficace que son approche unilatérale. Bien que les États-Unis dominent la capitalisation boursière mondiale et représentent un quart du PIB global, leur part dans les échanges de biens est modeste : 9% des exportations et 14% des importations mondiales. Aucun pays, pas même les États-Unis, ne peut prétendre à une suprématie unipolaire dans le commerce des biens – terrain choisi par Trump pour mener sa guerre. Une coalition occidentale unie aurait pu exercer une pression bien plus forte sur Pékin, mais les actions diplomatiques brutales de Trump ont rendu cette option impossible. En 2023, la Chine a exporté pour 449 milliards de dollars de biens vers les États-Unis, contre seulement 144 milliards dans l'autre sens. Cette asymétrie signifie que des tarifs douaniers identiques rapportent trois fois plus aux États-Unis qu'à la Chine. Trump en a conclu à tort que ces mesures pénaliseraient davantage Pékin. En réalité, l'impact dépend de la capacité de chaque partie à trouver des alternatives. Si les importateurs n'ont pas d'autres fournisseurs, ils absorbent les coûts. Si les exportateurs n'ont pas d'autres marchés, ils baissent leurs prix. Une analyse détaillée de 1 200 catégories de produits révèle que les États-Unis ne disposent que de quatre produits stratégiques où ils dominent (aliments pour animaux, noix diverses, cellulose, machines agricoles), représentant seulement 2,2 milliards de dollars d'exportations. En comparaison, l'Allemagne, le Japon et la Corée du Sud en comptent trois chacun. Ensemble, ces leviers occidentaux potentiels totalisent 20 milliards de dollars – une fraction minime face aux 49 catégories de produits chinois (88 milliards de dollars) où Pékin a l'avantage (électroménager, jouets, équipements sportifs...). Une action coordonnée avec l'UE, le Royaume-Uni, le Canada et l'Asie-Pacifique aurait pu cibler 181 produits critiques (396 milliards de dollars) pour l'industrie chinoise : machines-outils, pièces aéronautiques, produits chimiques. Au lieu d'une guerre tarifaire générale, un embargo ciblé sur ces biens aurait été bien plus efficace. Le système d'alliances occidentales, patiemment construit depuis des décennies, constitue pourtant une arme redoutable en temps de crise – comme le montrent les sanctions contre l'Afrique du Sud, l'Iran ou la Russie. Mais Trump a gaspillé ce capital diplomatique en attaquant ses propres alliés. Résultat : 60% des Canadiens boycottent les produits américains, l'UE dénonce la fin de l'Occident traditionnel, et les entreprises européennes profitent des tarifs anti-US pour grignoter des parts de marché en Chine. Paradoxalement, les guerres commerciales de Trump ont renforcé la position géopolitique de Pékin : en divisant l'Occident, elles ont réduit le risque de sanctions coordonnées en cas de crise taïwanaise. Une victoire stratégique inattendue pour la Chine, obtenue sans effort.