Hezbollah en quête de victoire électorale au Liban malgré les appels croissants au désarmement
Les élections municipales du 19 mai 2025 dans le sud du Liban voient le Hezbollah tenter de démontrer son influence politique persistante, malgré les lourdes pertes subies lors de la guerre contre Israël en 2023. Alors que les appels au désarmement du groupe se multiplient et que les frappes israéliennes se poursuivent, ces scrutins locaux revêtent une importance cruciale pour le mouvement chiite soutenu par l'Iran.
Trois tours de vote déjà organisés ce mois-ci ont été favorables au Hezbollah. Dans le sud, de nombreuses circonscriptions ne sont même pas contestées, assurant des victoires anticipées au parti et à ses alliés. "Nous voterons avec notre sang", déclare Ali Tabaja, 21 ans, exprimant ainsi sa loyauté envers le Hezbollah.
Le paysage dévasté du sud libanais témoigne de l'impact de la guerre déclenchée en octobre 2023, lorsque le Hezbollah a ouvert le feu en soutien au Hamas. Le conflit s'est soldé par une importante offensive israélienne qui a considérablement affaibli le mouvement chiite, tant sur le plan militaire que politique.
Le nouveau gouvernement libanais a annoncé son intention d'établir un monopole étatique sur les armes, ce qui impliquerait le désarmement du Hezbollah conformément au cessez-le-feu négocié par les États-Unis. Pourtant, les résultats électoraux semblent indiquer que la guerre n'a pas entamé la popularité du groupe au sein de la communauté chiite.
"Au contraire, de nombreux chiites estiment désormais que leur sort est lié à celui du Hezbollah", analyse Mohanad Hage Ali du Carnegie Middle East Center. La question du désarmement reste une source de division majeure au Liban, où le Hezbollah est accusé d'impliquer le pays dans des conflits régionaux sans consultation nationale.
Le président libanais Joseph Aoun a appelé à un dialogue sur la stratégie de défense nationale, incluant la question des armes du Hezbollah, mais les discussions n'ont pas encore commencé. Pendant ce temps, les donateurs internationaux conditionnent leur aide à la reconstruction à l'établissement du monopole étatique sur les armes.
Le Hezbollah, de son côté, rejette la responsabilité de la reconstruction sur le gouvernement, l'accusant d'inaction. Le groupe affirme avoir aidé 400 000 personnes, mais ses ressources semblent bien inférieures à celles dont il disposait après la guerre de 2006, en raison notamment des sanctions américaines contre l'Iran et du retrait du soutien des États du Golfe.