Une étude de 36 ans révèle les véritables facteurs influençant l'épaisseur de la glace en Antarctique
Une étude de 36 ans sur la glace côtière ("fast ice") dans le détroit de McMurdo en Antarctique a révélé une stabilité surprenante, tout en mettant en garde contre les impacts climatiques futurs. Ces recherches menées par l'Université d'Otago en Nouvelle-Zélande fournissent des données cruciales sur les mécanismes régissant l'épaisseur de la glace et son importance pour l'écosystème local comme pour le climat global.
La glace côtière, contrairement à la banquise mobile, reste fixée au littoral pendant des semaines voire des mois. Ce plateau gelé constitue un habitat vital pour la faune antarctique (manchots, phoques) et protège algues, krill et poissons des prédateurs et du froid extrême. Il sert également de plateforme de travail sécurisée pour les scientifiques étudiant l'atmosphère et l'océan.
L'équipe du Dr Maren Richter a analysé des mesures directes effectuées entre 1986 et 2022 sur une zone stable de 14x20 km. Ces données, parmi les plus longues séries temporelles disponibles, montrent des variations annuelles d'épaisseur sans tendance claire à la hausse ou à la baisse. Trois facteurs principaux émergent : températures hivernales, vents du sud (apportant de l'air froid) et fréquence des tempêtes.
Contrairement à d'autres régions antarctiques, McMurdo ne montre pas encore de signal évident du changement climatique. Le système océan-glace-atmosphère parvient toujours à compenser les perturbations, bien que les températures aient légèrement augmenté ces dix dernières années. Les chercheurs soulignent cependant que 36 ans représentent une période trop courte pour détecter des tendances climatiques profondes.
Cette étude publiée dans le Journal of Geophysical Research: Oceans établit une référence précieuse pour identifier d'éventuels bouleversements futurs. Le Dr Richter insiste sur l'importance cruciale de ces suivis à long terme pour distinguer variabilité naturelle et impacts anthropiques. Ces données permettront aussi d'affiner les modèles climatiques et d'adapter la logistique des missions scientifiques.
Bien que stable pour l'instant, la glace côtière de McMurdo pourrait subir des transformations majeures avec l'intensification du réchauffement. Les prochaines recherches se concentreront sur l'analyse d'événements météorologiques extrêmes et leurs effets à court terme, susceptibles de révéler des mécanismes invisibles à l'échelle mensuelle. Cette approche fine devrait aider à anticiper l'évolution de cet écosystème fragile sous pression climatique croissante.