La France déplore un 'jour sombre' après l'accord commercial UE-USA conclu sur le terrain de golf de Trump en Écosse
Le Premier ministre français a qualifié ce jour de 'sombre' pour l'Union européenne, évoquant une 'soumission' aux exigences tarifaires américaines. Les commentateurs estiment que la poignée de main entre la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et Donald Trump équivaut à une capitulation. Le problème réside dans la dépendance massive de l'Europe vis-à-vis des États-Unis, non seulement sur le plan commercial.
Imitant Trump, von der Leyen a salué avec enthousiasme l'accord conclu ce week-end, portant les droits de douane américains sur la plupart des exportations européennes à 15%, soit 10% de plus qu'actuellement. Son équipe a insisté auprès des journalistes sur le caractère 'historique' de ce pacte qui entre en vigueur dès vendredi.
Un mois après que le secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte ait flatté Trump en l'appelant 'papa', les Européens ont de nouveau cédé, préférant absorber les coûts et louer un président imprévisible plutôt que de perdre l'Amérique. 'Ce n'est pas qu'une question commerciale. Il y a la sécurité, l'Ukraine, la volatilité géopolitique actuelle', a expliqué le commissaire européen au commerce Maroš Šefčovič.
La dépendance sécuritaire de l'Europe est criante depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Les alliés américains craignent que Poutine ne s'attaque à un autre pays s'il l'emporte. Cette peur pousse les pays européens à acheter des armes américaines pour l'Ukraine, certains étant prêts à envoyer leurs propres systèmes de défense.
Trump a exprimé une position ambivalente sur le rôle des États-Unis dans l'OTAN, tandis que les Européens s'inquiètent d'un possible retrait des troupes américaines annoncé pour octobre. Pourtant, Trump impose parallèlement des droits de douane à ses propres alliés de l'OTAN, invoquant des raisons de sécurité nationale.
'L'UE est dans une situation difficile car nous dépendons fortement des États-Unis pour notre sécurité', analyse Niclas Poitiers du think tank Bruegel. L'accord comprend un engagement à acheter du pétrole et du gaz américains, permettant à l'Europe de diversifier ses approvisionnements tout en réduisant sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.
Von der Leyen a souligné que ces achats contribueront à la sécurité énergétique européenne. Cependant, l'Europe peine à mettre fin à sa dépendance sécuritaire vis-à-vis des États-Unis, alors que l'administration Trump recentre ses priorités sur l'Asie et le Moyen-Orient.
Lors du dernier sommet de l'OTAN, les alliés européens ont accepté d'augmenter leurs dépenses de défense de centaines de milliards de dollars, principalement pour leur sécurité mais aussi pour maintenir l'engagement américain. La diplomatie employée n'a pas toujours été élégante, comme en témoigne le message privé de Rutte à Trump, rapidement rendu public.
Von der Leyen a gardé une attitude réservée lors de sa rencontre avec Trump, ne relevant pas ses déclarations erronées sur l'aide à Gaza. Face à la menace de droits de douane de 30%, l'Europe semble prête à payer le prix de sa dépendance stratégique.